Nou­velle acqui­si­tion – un cro­quis d’An­to­nin Gallo

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Il y a quelques mois, j’ai par­ti­ci­pé à une cam­pagne de finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif sur Ulule. Il s’a­gis­sait de ras­sem­bler les fonds néces­saires pour la publi­ca­tion d’un sketch­book d’An­to­nin Gal­lo (aka Mon­sieur To), artiste bien connu des afi­cio­na­dos de la Bauge lit­té­raire pour être l’au­teur d’un de ses char­mants en-têtes.

Comme je ne sais pas si vous êtes au cou­rant des usages du finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif (par­fois appe­lé par le terme anglais crowd­fun­ding), je vous explique en vitesse. Vous avez donc une idée que vous aime­riez réa­li­ser, mais il vous manque l’argent. Est-ce qu’on ima­gine seule­ment le nombre d’i­dées res­tées à l’é­tat d’é­bauche à cause de cela ? Et comme les banques font de plus en plus sou­vent la sourde oreille – est-ce que vous avez d’ailleurs le moindre sou­ve­nir d’un pro­jet artis­tique finan­cé par une banque ? – que l’argent ne pousse pas sur les arbres, et que ce n’est pas don­né à tout le monde d’a­voir un mari (ou un père) bien pla­cé au Palais Bour­bon, il y avait là une belle lacune qu’il fal­lait com­bler. Et voi­ci donc l’i­dée de base du finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif : On met à votre dis­po­si­tion une page web où vous pou­vez expli­quer votre pro­jet, peut-être don­ner quelques aper­çus (s’il s’a­git d’une bande des­si­née, par exemple) et indi­quer la somme qu’il vous faut, celle-ci étant en géné­ral assez modeste, de l’ordre de quelques mil­liers d’eu­ro. Et comme les appels au seul « bon coeur » des inter­nautes n’ont pas ten­dance à être enten­dus d’une oreille favo­rable, vous pro­po­sez aux contri­bu­teurs ce qu’on appelle une « contre­par­tie ». Une contre­par­tie, c’est en géné­ral quelque chose en rap­port avec le pro­jet auquel on contri­bue, comme par exemple une copie d’un livre finan­cé ou un exem­plaire numé­ro­té, mais rien n’empeche bien enten­du votre créa­ti­vi­té de s’é­pa­nouir, et on peut trou­ver les pro­po­si­tions les plus variées, comme celle, par exemple, de deve­nir le par­rain d’un per­son­nage d’un texte lit­té­raire ou d’une BD.

À lire :
Marcel-René Chassard, Aimée 376 (Études pour Aimée)

Pour reve­nir à l’ar­tiste en ques­tion, Anto­nin Gal­lo, il s’a­gis­sait donc de finan­cer la publi­ca­tion d’un sketch­book, à savoir le tome 2 des Good Mor­ning Warm-ups. Et Mon­sieur To étant artiste, il a pro­po­sé, entre autres, des des­sins pour récom­pen­ser les par­ti­ci­pants. Quant à moi, j’ai opté pour un cro­quis crayon, contre­par­tie pour une contri­bu­tion de l’ordre de 30 €. Voi­ci celui que j’ai reçu pas plus tard qu’hier :

Si vous êtes un visi­teur régu­lier de ce site, vous savez que non seule­ment j’a­dore les artistes, mais que j’ai aus­si l’ha­bi­tude de leur com­man­der des des­sins pour embel­lir ma Bauge. Ce qui revient effec­ti­ve­ment à les – payer. Cela peut sem­bler évident, mais je vous assure que c’est loin de l’être. Ayant quelques amis artistes, je connais trop bien le genre de pro­po­si­tions qu’on leur adresse régu­liè­re­ment pour les inci­ter à tra­vailler gra­tis. Pour ne pas par­ler de ces contem­po­rains qui se ser­vissent à gauche et à droite sur la toile comme si c’é­tait leur dû, sans prendre la peine de seule­ment deman­der ou se sou­cier d’ob­te­nir une auto­ri­sa­tion, sous pré­texte qu’ils font la pub de l’ar­tiste (sans jamais don­ner ses coor­don­nés, bien enten­du). Je me demande s’ils ont jamais essayé de faire un coup pareil à leur plombier ?

Quoi qu’il en soit, je suis très content d’a­voir pu acqué­rir, pour une somme fina­le­ment assez modeste, un des­sin signé Anto­nin Gal­lo, des­sin que je ne peux arrê­ter de contem­pler et qui sera bien à sa place dans mon appar­te­ment. Si vous aimez le style de Mon­sieur To, l’in­no­cence tein­tée d’un éro­tisme conscient de ses effets, le coup de crayon qui sait pro­duire des regards si intenses et des gestes aus­si par­lants, je vous conseille de lui rendre visite, de vous lais­ser émer­veiller par la sim­pli­ci­té de son art et de délier les cor­dons de vos bourses afin de lui per­mettre de conti­nuer à nous mettre sous le charme de ses créa­tures de rêve.

La Sirène de Montpeller