Qu’est-ce qu’on demande à un texte érotique ? Des galipettes ? Des femmes prêtes à céder à toutes les tentations ? Des femmes qu’il faut tout doucement conduire à découvrir leurs pulsions afin de vouloir céder aux sus-dites tentations ? À moins de les rechercher activement afin de pouvoir être en mesure de céder ? Est-ce qu’il nous faut des bites dressées sur le point d’investir de juteux orifices, des glands léchés à grands coups de langue soyeuse, des torrents de sperme pour inonder les orifices en question ? Est-ce qu’on demande d’assister aux progrès d’une lente séduction ? Ou plutôt aux ravages d’une passion qui, en cédant, dévore jusqu’à la moindre parcelle d’estime de soi afin de pouvoir impunément se vautrer dans le stupre ? Et quid des décors ? Important atout du spectacle censé nous captiver, nous autres lectrices et lecteurs ? Ou détail qui s’oublie aussitôt que le premier bout de téton fait son entrée en scène ? Difficile, voire impossible de trouver une réponse, telle est la variété des goûts, et si certains se contentent d’une belle série de parties de jambes en l’air vite conclues, d’autres aimeraient assister à des tentatives de séduction auxquelles la belle finit toujours par se soustraire et dont la réalisation n’est plus qu’un lointain espoir. Mais s’il y a une chose qu’on ne supporte pas, et je peux vous l’affirmer avec certitude après avoir lu le livre signé Marie-Thérèse, c’est de se retrouver avec entre les pattes un texte qui ne tient pas ses promesses. Voici donc le récit d’une déception qui a pourtant commencé par une si belle présentation :
Abandonnée par son mari, Marie-Thérèse décide de partir en vacances toute seule.1
Voici la phrase par laquelle débute la présentation du texte dont je viens de terminer la lecture et dont je m’apprête – malgré tout – à vous parler. Ce « malgré tout », vous le comprendrez très bientôt, cela ne vous demandera que quelques instants. Une phrase, vous en conviendrez, capable d’attirer la bête toujours avide de peaux nues et bronzées qui s’exposent sur les plages sous un soleil torride. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous, on le connaît, le Sanglier, et ses appétits solaires. C’est à ce titre aussi que le texte est entré dans la sélection de l’édition 2023 des Lectures Estivales. Imaginez donc ma surprise quand je vois défiler les chapitres sans la moindre évocation du départ en vacances sus-mentionné. Sauf une toute petite excursion du côté d’une plage naturiste près de Hossegor, à peine suffisant pour faire démarrer la machine des imaginations. Et imaginez un peu que cela continue ainsi, jusqu’au dernier chapitre qui m’a donc laissé sur ma faim, une faim de loup privé de sa proie et qui n’aime pas ça… Et bien, une déception programmée qu’il aurait pourtant été facile d’éviter, en mettant plus de soin à composer une quatrième de couverture respectueuse du client potentiel et de ses désirs. Parce que, à vrai dire, si la triade seins, fesses, chattes par laquelle semble jurer l’autrice de ce texte a bien ses attraits, leur éternelle invocation peut aussi devenir assez lourde à force de répétitions. Et comme on le sait depuis des siècles – bis repetita non semper placent.

Bon, pour une Lecture estivale, c’est plus que raté, mais puisque j’ai pris la peine de lire le texte jusqu’à la dernière phrase – dans l’espoir que la fin soit quand même à la hauteur des promesses – je vais quand même donner à mes lectrices et à mes lecteurs une idée de ce qui se passe dans ces lignes censées contenir la confession érotique d’une dénommée Marie-Thérèse. C’est sans doute le moment pour rappeler cette autre Marie-Thérèse (Cointre ?) rendue célèbre par un certain Jean-Paul Sartre qui a publié en 1947, dans sa revue Les Temps modernes, une version édulcorée de la Vie d’une prostituée, texte dans lequel la sus-nommée Marie-Thérèse raconte sa vie de prostituée à Paris pendant l’occupation. C’est d’ailleurs peut-être le plus gros mérite du texte que je viens de mettre sous vos yeux que de m’avoir révélé l’existence de cette autre Marie-Thérèse que je me suis promis de découvrir.
Retournons pourtant à cette femme vicieuse qui pourtant semble avoir bien du mal à se reconnaître dans le comportement très libéré de la protagoniste qui adore s’exhiber et servir de cible aux giclées des branleurs qu’elle encourage à s’astiquer les bites. Et la quantité de sperme qu’elle récupère pendant ses séances, je vous le révèle ici afin d’éviter tout accès de jalousie, est tellement importante que le gros des hommes serait amené à se poser des questions à propos de leurs capacités reproductives. Pas contente de servir de déclencheur de fantasmes, elle consent à offrir ses fesses, ses seins, sa chatte – dites bonjour à la Triade sans cesse invoquée le long des pages ! – à la bande de ses admirateurs. Des admirateurs qui se recrutent de préférence dans les rangs des hommes d’un certain âge, suite sans doute à des expériences de jeunesse lui ayant permis d’arrondir ses fins de mois en s’exhibant au profit d’un dénommé M.D., un vieux queutard qui s’amuse à jouer avec ses poupées de chair qu’il fait parader fringuées de dessous affriolants. Rien de bien méchant, mais rien de très original, non plus.
Vous l’aurez compris, rien ne peut racheter à mes yeux un texte qui a eu le malheur de provoquer l’ire du Sanglier, et ni les coups de bite savamment assénés ni les fentes dégoulinantes peuvent faire oublier l’outrage d’une attente trompée. Surtout quand celle-ci concerne le saint des saints, à savoir des galipettes sous le soleil. Désolée, Marie-Thérèse, ce n’est sans doute pas de ta faute, mais va donc te plaindre auprès des amis de chez Média 1000 qui ont eu la mauvaise idée de te faire naviguer sous de mauvais drapeaux.
Marie-Thérèse
Est-ce bien moi cette femme vicieuse ?
Média 1000
ISBN : 9782744828546
- Passage cité d’après la description sur le site de la librairie en ligne 7switch. ↩︎