En-tête de la Bauge littéraire

Lilith – Sub­mit to Hell !

L’un ou l’autre de mes chers lec­teurs, ceux au moins qui, dédai­gnant les nom­breux rac­cour­cis pro­po­sés par Google & Cie., ont pris l’habitude d’accéder à mon sombre repaire par le por­tail, l’auront sans doute remar­qué : La jolie demoi­selle sovié­tique – ravis­sant cer­bère dont l’uniforme lais­sait entre­voir les charmes – vient de céder sa place à une nou­velle patronne, une femme d’une beau­té tout orien­tale, aux yeux légè­re­ment bri­dés – ser­pen­tins ! – et à l’allure hau­taine et froide.

Josep Giró, LEs yeux de Lilith (détail)
Josep Giró, LEs yeux de Lilith (détail)

Le San­glier vient ain­si de pla­cer la Bauge sous le patro­nage d’une Sainte noire aus­si célèbre que mal-famée. Une Sainte-gar­dienne qui en sur­veille l’accès, réser­vant l’entrée à celles et à ceux qu’elle juge dignes d’assister à l’office de la lubri­ci­té célé­brée par le San­glier ain­si que par celles et ceux dont il pro­pose les élu­cu­bra­tions à l’attention de tous les mau­vais élé­ments de la socié­té. À celles et à ceux qui se défi­nissent par la trans­gres­sion et qui, non contents de ver­ser des larmes aus­si chaudes qu’inutiles en voyant les prés plus verts chez les autres, prennent leur cou­rage entre leurs deux mains et enfoncent les bar­rières qui les séparent de ces ailleurs si sou­vent invo­qués – et igno­rés plus sou­vent encore. Et tant mieux s’il faut ensuite pas­ser par des che­mins inter­dits. Quitte à se retrou­ver au milieu d’un nid de ser­pents face à une démo­nesse qui n’attend que de voir suc­com­ber à ses charmes infer­naux les visi­teurs impru­dents. Des visi­teurs dont les plus malins s’imagineront avec un plai­sir très peu cou­pable mais d’autant plus dan­ge­reux à la place des rep­tiles en train de glis­ser en de lubriques cir­con­vo­lu­tions entre les cuisses et autour des seins de la belle. Des glis­se­ments dont on aime­rait ima­gi­ner qu’ils en en rajoutent encore à la cha­leur infer­nale de l’endroit à laquelle la seule Lilith semble impassible.

Josep Giró, Les seins de Lilith (détail)
Josep Giró, Les seins de Lilith (détail) Les seins de Lilith – ou quand Josep Giró joue avec la sédu­cion tentaculaire…

Comme pour la ravis­sante jeune fille sovié­tique, j’ai fait confiance pour l’exécution de ce nou­veau des­sin à Josep Giró, l’artiste qui a contri­bué un grand nombre des en-têtes qui ornent votre site éro­tique favo­ri depuis de nom­breuses années. Et je me plais à ima­gi­ner que j’ai réus­si à inci­ter l’artiste cata­lan à mettre une petite dose sup­plé­men­taire d’indécence dans les des­sins com­man­dés par votre ser­vi­teur… Inutile de vous pré­sen­ter cet artiste qui arrive comme peu d’autres à expri­mer l’essence de l’érotisme tel que votre ser­vi­teur le conçoit – quelque part entre la ten­ta­tion des abîmes, la cha­leur des ébats, l’obsession de toutes les per­ver­sions et évi­dem­ment une bonne grosse dose d’humour. À laquelle se rajoute une touche solaire quand il s’agit de mettre en scène les Lec­tures esti­vales. Inutile aus­si de par­ler de long et en large de ce qui a pu ins­pi­rer Josep quand il a choi­si de mettre sa Lilith au centre des atten­tions ten­ta­cu­laires d’une bande ser­pen­tine par­ti­cu­liè­re­ment atti­rée par ses atouts fémi­nins. Après tout, l’érotisme ten­ta­cu­laire n’a rien de nou­veau pour les habi­tués de la Bauge qui m’ont enten­du louer aux anges l’opus mal­heu­reu­se­ment res­té frag­men­taire d’Annie May, Bio Super Elite.

Je ne sais pas trop s’il faut vous mettre en garde ou plu­tôt vous ras­su­rer à pro­pos de ma nou­velle patronne qui, il est vrai, peut paraître effrayante dres­sée au milieu de son nid de ser­pents, et qui tend ses bras pour accueillir tous ces salauds consom­ma­teurs de chair, toutes ces bran­leuses de la pire espèce sou­cieuses de rien que de leur seul plai­sir, tous ces par­tou­zeurs cri­mi­nels qui se torchent le cul avec les lois de la bien­séance – si ce n’est avec les lois tout court – et qui ne font qu’une bou­chée des adhé­rents à une morale à deux balles. Oui, mais si Lilith vous ouvre les bras, c’est pour vous accueillir dans l’univers du vice qui fini­ra par chauf­fer à blanc vos sens avant de vous – consu­mer. Pour votre plus grand bien, s’entend.

Josep Giró, Lilith
Debout au milieu d’un nid de ser­pents – Lilith, pre­mière femme d’Adam, démo­nesse supre­mo, Reine des Enfers.

Appro­chez donc, chères amies, chers amis, afin de pou­voir déchif­frer le secret de son regard où brillent les reflets de tous les feux de l’enfer. Qui ne suf­fisent pour­tant pas à éteindre ce froid qui se pro­page du fond de ses orbites illu­mi­nées, qui vous brûle et qu’elle fait rayon­ner par une atti­tude que rien ne sau­rait tou­cher ni même appro­cher de trop près. Resis­tance is futile…