Et voici que je vous présente un autre artiste croisé sur un de mes sites préférés, site que je hante avec une certaine obsession du beau et où je tombe, à pratiquement chaque visite, sur des images qui me fascinent et me passionnent. Cette fois-ci, il s’agit d’un artiste dont je ne sais absolument rien, sauf qu’il serait polonais. Ou tout du moins installé en Pologne. Le tout d’après une des très rares informations qu’il consent à dévoiler sur sa page. Le site en question, vous l’aurez deviné, est évidemment ce repaire légendaire d’artistes, DeviantArt, et le nom – ou plutôt le pseudo – de l’artiste est PaleElk. L’élan pâle.

Comme vous pouvez facilement le constater rien que dans cet échantillon, l’usage du noir et du blanc est le mode d’expression favori de Pale Elk, une seule image – deuxième en partant de la gauche dans la bande supérieure – sort des rangs étant visiblement composée de niveaux de gris, tandis que les autres semblent composées à partir d’une échelle binaire.
Attention pourtant, chers lecteurs, chères lectrices, quand je parle ici de « binaire », je ne parle pas du concept post-moderne remettant en cause la binarité du féminin et du masculin. La binarité, ici, dans le contexte de l’artiste dont je suis en train de vous parler, désigne celle du noir et du blanc, qui, transposée dans un contexte numérique, se résume à l’opposition entre « 0 » (noir) et « 1 » (blanc). Du binaire à l’état pur, plongée vers les sources du numérique, donc. Mais quand je mets une petite parenthèse devant ce mot, cela veut dire que la trame numérique des images – telles que je peux les télécharger depuis le site de l’artiste sur DeviantArt pour les analyser avec le GIMP1 – ne se résume pas à ces deux états sus-mentionnés, mais est composée d’un assez grand nombre de nuances en grisaille. Mais si, au lieu de blablater, je vous faisais une démonstration ? Voici avec Sapiomancy un exemple – d’ailleurs une des rares images à porter un titre – en version originale (à gauche) et transformé en noir et blanc (à droite) :
La différence entre les deux modes saute aux yeux, pas besoin d’analyses supplémentaires pour s’en rendre compte. Dans un souci d’exactitude, voici pourtant le résultat de l’analyse colorimétrique de l’original :

Vous constaterez que l’image compte 256 « couleurs » distinctes, et vous noterez aussi les deux « cornes » indiquant, à travers le compte des couleurs dominantes, une sorte de binarité indicatrice de ce que vous percevez comme du « noir » et du « blanc ».

Au jour où je rédige cet article, PaleElk a publié 78 images dans sa galerie, la plus grande partie de celles-ci (52) ayant pour sujet des femmes plus ou moins dénudées. Parmi ces 52 images de femmes, il y en a moins de dix où elles figurent complètement vêtues, dans la mesure où le format permet d’en juger avec certitude. Comme il y a aussi des portraits ou des mi-corps, il est parfois tout simplement impossible d’affirmer si le modèle est nu ou au moins en partie vêtu. Et puis il y a un petit nombre d’images qui laissent subsister un certain flou, et on est dans l’impossibilité d’affirmer avec certitude si ce que l’on voit est bien de la peau nue ou un léger tissu. L’artiste est d’ailleurs assez avare en mots quand il s’agit de donner un titre à ses productions, le visiteur en étant réduit, dans la majorité des cas, à se faire une idée basée sur rien que ses propres moyens pour cerner de plus près l’œuvre qu’il est en train de contempler. Des 78 images, 47 portent comme seul titre un point d’interrogation (« ? »), et 17 des 31 images restantes sont rassemblées sous le titre assez peu flatteur de Quickie. Si ce terme-là a évidemment la connotation érotique de coup « rapide »2, je doute de ce que l’auteur ait voulu orienter les visiteurs dans ce sens-là. Je vous affiche un exemple ci-contre, à vous de juger. Pour voir l’intégralité des Quickies, suivez le lien ci-dessus.
À côté des femmes – effectivement très belles dans la sobriété des nuances de gris et parfois même un brin provocatrices3 – on trouve des images qui relèveraient plutôt de l’horreur. Si certaines de celles-ci expriment des idées assez générales comme celle du Parasite ou de l’Enfer, d’autres, comme Quickie – The Ragman, semblent basées sur des bandes dessinées de l’univers Marvel.
Si l’auteur semble donc avoir un certain penchant pour les sujets féminins – même les représentations de l’horreur arborent souvent des traits féminins – la diversité est loin d’être absente de sa galerie. Mais mes lectrices et mes lecteurs ne seront pas surpris d’apprendre que l’auteur de ces lignes a puisé dans le domaine érotique quand il s’est agi de choisir un sujet pour une nouvelle illustration pour la Bauge littéraire. Et c’est ainsi que celle-ci s’est enrichie d’un nouvel en-tête baptisé « Reading Chloé » par votre serviteur :

Le titre s’explique d’ailleurs très facilement par le fait que la beauté allongée sur le ventre est en train de lire un texte signé par le Sanglier, à savoir La Fiancée de la Douleur, dont la protagoniste s’appelle – Chloé. J’espère que l’une ou l’autre parmi vous l’aura reconnu…
Avant de terminer, une dernière remarque à propos des femmes de PaleElk. À contempler la galerie, on se rend compte que les courbes jouent un rôle important dans la représentation des corps dont certains semblent vouloir onduler comme ceux des corps sous-marins. Un procédé qui s’inspire d’une façon très heureuse des courbes féminines, faites pour faire tourner les têtes de celles et de ceux qui les contemplent avec convoitise. Et je suis très content de pouvoir compter une de ces œuvres dans la galerie de mes en-têtes. La Bauge en sort plus riche !




Les quatre images rassemblées dans cette galerie portent comme titre (de gauche à droite)
- Sapiomancy
- ?
- In praise of Bacchus
- ?
Il ne me reste plus qu’à tendre la main à cet artiste inconnu tout en lui souhaitant pleine de visibilité. Dans l’espoir d’y avoir peut-être un tant soit peu contribué.
- GNU Image Manipulation Program – logiciel de manipulation d’images très prisé dans le monde des logiciels libres ↩︎
- Chaque fois que je tombe sur ce terme de « quickie », je dois penser à la série Les p’tites vites de Brigitte, sortie chez BD-Adultes. Et cela ne manque jamais de me faire rire ;-) ↩︎
- Parmi les femmes de PaleElk, certaines portent d’ailleurs la plume au bec. Ce qui leur confère sans doute une forte dose d’érotisme à laquelle votre serviteur est très sensible … ↩︎