Tout amateur de littérature érotique aura entendu parler de ChocolatCannelle, ma ravissante consoeur de chez Dominique Leroy, une maîtresse de la plume qui a plus d’une fois fait le bonheur de l’auteur de ces lignes, notamment avec des titres d’où se dégage un délicieux parfum estival. Et voilà qu’elle remet ça avec un de ces petits textes chargés à ras bord d’un érotisme aussi pétillant que séducteur dont elle a le secret, Vacances à l’Auberge rose.
Romain et Julie (oui, c’est sans doute un clin d’œil au cygne de Stratford) partent donc en vacances, et ils ont opté pour Hossegor, commune de la façade atlantique particulièrement appréciée par les estivants en quête de sensations fortes. À peine arrivé, notre couple noue déjà de premiers contacts prometteurs avec de jeunes Parisiens, Sylvie et Pierre. Les réticences de Julie, une beauté quelque peu farouche mise mal à l’aise par les propositions quelque peu osées de son fiancé, sont bientôt oubliées, noyées dans la sève que la belle Parisienne sait faire couler, et les parties à la plage, conçues à l’origine pour prendre un peu de soleil, prennent des allures très différentes. Et ce n’est pas le soleil des Landes qui fait rougir les joues des demoiselles.
Le ménage des quatre jeunes gens est complété par Gaspard, célibataire particulièrement endurci qui saura se rendre utile en satisfaisant les fantasmes exhibitionnistes de Sylvie et en faisant profiter les belles estivantes de ses atouts virils, prouvant par là sa maxime qu’un bel étalon de son espèce ne reste jamais seul, par un couple de Bretons dont la moitié féminine, Josie, entend changer la boîte de nuit du coin en chasse gardée pour compléter sa panoplie d’éphèbes, et – last but not least – par le propriétaire de l’auberge qui aura son petit rôle à jouer, lui aussi – et quel rôle !
ChocolatCannelle sait plonger ses personnages et, à travers eux, ses lecteurs, dans une ambiance des plus délicieuses, et c’est avec grand plaisir que le lecteur se laisse pénétrer par le désir qui règne dans l’univers libertin où l’on retrouve les sujets chers à l’auteure : l’exhibitionnisme et le voyeurisme, le tout pimenté par une bonne dose d’homosexualité au féminin. Paradoxalement, c’est la force même de la plume de ChocolatCannelle qui peut fait naître une certaine frustration chez ses lecteurs placés en spectateurs au bord d’un monde à peine esquissé, d’un univers dont on aimerait explorer à fond la sensualité grouillante que l’auteure y laisse entrevoir sans permettre au lecteur de se laisser emmener plus loin par une intrigue qui l’aurait davantage rapproché de personnages aussi séduisants. Des personnages dont on voudrait prendre la mesure, dont on aimerait partager les découvertes, auxquels on voudrait donner la main pour pénétrer avec Julie et Sylvie dans le terrain vierge de leurs jeux au féminin, pour partir à la chasse avec Josie la belle cougar bretonne, pour assister aux enconnages répétés de Gaspard, joyeux luron et seul célibataire de la bande, et pour partager le plaisir des maris que leurs compagnes font profiter du spectacle de leurs corps offerts à tous les fantasmes et à toutes les explorations.
ChocolatCannelle est une auteure qui excelle dans l’art de mener le lecteur par le bout de sa queue, en lui jetant à peine quelques bribes de ce qu’elle est capable de lui offrir. Si c’est là sans aucun doute un bel exploit, on peut quand même regretter le fait qu’elle se contente de le mener jusqu’à la lisière de son pays de cocagne pour ensuite le laisser planté là, irrésistiblement attiré par la chaleur qui se dégage d’un tel spectacle, mais incapable d’assouvir la soif brûlante que celle-ci fait naître.
ChocolatCannelle
Vacances à l’Auberge rose
Sous la cape
ISBN : 9782868072580