La neige vous fait râler ? Regar­dez les tableaux d’Al­bert Lebourg … (ces impres­sion­nistes qu’on oublie, part I)

Monet : La Pie
Impres­sion­niste pas vrai­ment oublié, mais ayant peint beau­coup de neige : Monet ( La Pie, 1868, Musée d’Orsay)

Il paraît qu’il neige un peu par­tout en Europe depuis au moins ce matin. Des routes blo­quées, des trains qui s’ar­rêtent au milieu de nulle part, des aéro­ports hors ser­vice, des acci­dents, des retards, etc. Pas très agréable, je veux bien. MAIS …

Vous savez que je parle volon­tiers de pein­ture. Et j’a­dore me pro­me­ner à tra­vers la toile, à la recherche des peintres dont on n’en­tend pas sou­vent par­ler. Parce que ils y sont, sur la toile, tan­dis que, hors ligne, les coups de pro­jec­teurs sont beau­coup trop sou­vent réser­vés aux seuls grands noms, éta­blis depuis long­temps et enno­blis par les sommes records que rem­portent leurs toiles aux enchères ain­si que par les expo­si­tions que leur consacrent les musées les plus pres­ti­gieux. Il suf­fit regar­der de plus près, de par­cou­rir la foule où se cache la mul­ti­tude des peintres « mineurs », peu connus du grand public, et qui n’ont jamais pu s’im­po­ser, sans qu’on puisse pour cela l’im­pu­ter à un talent médiocre ou à une absence de génie. Dans notre culture maté­ria­liste, où règne le pro­fit en monarque abso­lu, et où il faut user de tous les stra­ta­gèmes pour se faire remar­quer, où une ami­tié voire une ren­contre for­tuite, peut déter­mi­ner le cours d’une vie, ce n’est pas for­cé­ment le « génie » qui décide du  suc­cès ou de l’échec.

Albert Lebourg, La neige à Pont du Château (Evreux ; musée de l'ancien évêché)
Albert Lebourg, La neige à Pont du Châ­teau (Evreux ; musée de l’an­cien évêché)

Je disais donc, et c’est ce qui importe, qu’il y a une foule de peintres peu connus, dont on peut décou­vrir les œuvres en consa­crant un mini­mum d’at­ten­tion à ce qu’il y a à gauche et à droite de la grande route. Il y a quelques semaines, j’ai feuille­té les pages d’E­bay, pas tel­le­ment à la recherche d’un titre bien pré­cis, mais plu­tôt pour me lais­ser ins­pi­rer, tout comme je le ferais en par­cou­rant les cou­loirs d’une librai­rie. Et je suis tom­bé sur le pre­mier tome de l”  »His­toire de l’Im­pres­sion­nisme » par John Rewald, émi­nent his­to­rien de l’Art. Je l’ai eu pour 1 €, et je suis en train de le lire. (Petite remarque en pas­sant : Si jamais vous vou­lez vous docu­men­ter sur les Impres­sion­nistes, connaître leurs ori­gines, leur jeu­nesse, le déve­lop­pe­ment qui les a menés des aca­dé­mies vers la nature et la lumière, et le tout écrit dans un style très agréable,  je vous conseille vive­ment ce livre (ISBN : 2012793746)!

Albert Lebourg, La neige en Auvergne
Albert Lebourg, La neige en Auvergne, 1886 (Rouen ; musée des beaux-arts)

C’est donc muni de ce petit guide que je suis par­ti me pro­me­ner, et j’ai osé m’a­ven­tu­rer sous les voûtes vir­tuelles de la base de don­nées « Joconde ». Bête en véri­té peu amène, mais dont l’antre abrite un nombre incroyable de tré­sors. Et au bout de beau­coup de petits sen­tiers de tra­verse (au départ, je cher­chais des toiles du jeune Monet), je suis tom­bé sur le nom­mé Albert Lebourg. Jamais enten­du par­ler ? J’ai des doutes, à moins que vous ayez fait des études d’His­toire de l’Art. Le sieur Lebourg fut donc un peintre de l’É­cole de Rouen, né en 1849, mort en 1928, qui vécut et ensei­gna, pen­dant cinq ans, à Alger, qui expo­sa plu­sieurs fois au Salon et qui a eu une cer­taine pré­di­lec­tion pour des pay­sage ennei­gés et des bords de l’eau. Et voi­ci que le cercle se ferme et que nous reve­nons à l’o­ri­gine de cet article – la neige.

Albert Lebourg, Notre-Dame de Paris, Neige
Albert Lebourg, Notre-Dame de Paris, Neige (Rouen, Musée des beaux-arts)

Les peintres impres­sion­nistes ont été fas­ci­nés par la lumière et ses effets sur les objets. Par la lumi­no­si­té qui entoure les objets et qui en dégage des cou­leurs qui peuvent varier d’un ins­tant à l’autre. Une expo­si­tion à Cologne, il y a deux ans, por­tait comme titre (trop génial, d’ailleurs) : « Peindre la lumière ». C’est, dans une cer­taine mesure, vrai de tous les peintres, mais ce sont ceux de la deuxième moi­tié du XIXe qui ont pous­sé plus loin les efforts de leurs pré­dé­ces­seurs et qui n’ont pas vou­lu mettre la pein­ture au ser­vice de quoi que ce soit. Pour une large part, leurs pein­tures sont donc des expé­riences menées sur la lumière. Témoin, les pein­tures en série de la cathé­drale de Rouen ou les célèbres meules de foin (tou­jours Monet, hein ?!).

Albert Lebourg, Route au bord de la Seine à Neuilly en hiver
Albert Lebourg, Route au bord de la Seine à Neuilly en hiver, 1888 (Paris, Musée d’Orsay)

Quand on parle de lumière, on parle néces­sai­re­ment de reflets. Et qu’on pense un peu à la capa­ci­té des flo­cons de neige de reflé­ter la lumière, de bri­ser les rayons envoyés par le soleil et de pro­duire une mul­ti­tude de cou­leurs ain­si qu’une clar­té sans pareil, au bon milieu de la sai­son sombre. On ne s’é­tonne donc pas de voir les peintres quit­ter leurs ate­liers mal­gré le froid sou­vent gla­cial pour pro­fi­ter d’un tel spec­tacle. Et voi­ci que je vous pré­sente une petite gale­rie qui vous fera, je l’es­père, les tableaux d’Al­bert Lebourg.

À lire :
Frédéric Bazille - les horreurs des glaces et des ténèbres

Encore une remarque avant de – fina­le­ment – vous lais­ser tout à la contem­pla­tion : La plu­part des tableaux de Lebourg est dis­per­sée à tra­vers les musées de la France entière, mais le musée d’Or­say en a quelques-uns aus­si. Alors, amis Pari­siens, profitez !!

La Sirène de Montpeller

Commentaires

2 réponses à “La neige vous fait râler ? Regar­dez les tableaux d’Al­bert Lebourg … (ces impres­sion­nistes qu’on oublie, part I)”

  1. Une superbe col­lec­tion de l’an­cienne gale­rie Jean du Ruaz, conte­nant de magni­fiques oeuvres d’Albert Lebourg, sera expo­sée du 4 au 12 octobre 2014 à la salle des ventes CAMPO Vlaamse Kaai, Bel­gique (www.campo.be). La vente aux enchère aura lieu le mar­di 14 octobre à 19h.

    1. Mer­ci d’a­voir lais­sé un com­men­taire et d’a­voir atti­ré l’at­ten­tion de mes lec­teurs sur un évé­ne­ment qui à coup sûr vau­dra le déplacement.