
Il paraît qu’il neige un peu partout en Europe depuis au moins ce matin. Des routes bloquées, des trains qui s’arrêtent au milieu de nulle part, des aéroports hors service, des accidents, des retards, etc. Pas très agréable, je veux bien. MAIS …
Vous savez que je parle volontiers de peinture. Et j’adore me promener à travers la toile, à la recherche des peintres dont on n’entend pas souvent parler. Parce que ils y sont, sur la toile, tandis que, hors ligne, les coups de projecteurs sont beaucoup trop souvent réservés aux seuls grands noms, établis depuis longtemps et ennoblis par les sommes records que remportent leurs toiles aux enchères ainsi que par les expositions que leur consacrent les musées les plus prestigieux. Il suffit regarder de plus près, de parcourir la foule où se cache la multitude des peintres « mineurs », peu connus du grand public, et qui n’ont jamais pu s’imposer, sans qu’on puisse pour cela l’imputer à un talent médiocre ou à une absence de génie. Dans notre culture matérialiste, où règne le profit en monarque absolu, et où il faut user de tous les stratagèmes pour se faire remarquer, où une amitié voire une rencontre fortuite, peut déterminer le cours d’une vie, ce n’est pas forcément le « génie » qui décide du succès ou de l’échec.
Je disais donc, et c’est ce qui importe, qu’il y a une foule de peintres peu connus, dont on peut découvrir les œuvres en consacrant un minimum d’attention à ce qu’il y a à gauche et à droite de la grande route. Il y a quelques semaines, j’ai feuilleté les pages d’Ebay, pas tellement à la recherche d’un titre bien précis, mais plutôt pour me laisser inspirer, tout comme je le ferais en parcourant les couloirs d’une librairie. Et je suis tombé sur le premier tome de l” »Histoire de l’Impressionnisme » par John Rewald, éminent historien de l’Art. Je l’ai eu pour 1 €, et je suis en train de le lire. (Petite remarque en passant : Si jamais vous voulez vous documenter sur les Impressionnistes, connaître leurs origines, leur jeunesse, le développement qui les a menés des académies vers la nature et la lumière, et le tout écrit dans un style très agréable, je vous conseille vivement ce livre (ISBN : 2012793746)!
C’est donc muni de ce petit guide que je suis parti me promener, et j’ai osé m’aventurer sous les voûtes virtuelles de la base de données « Joconde ». Bête en vérité peu amène, mais dont l’antre abrite un nombre incroyable de trésors. Et au bout de beaucoup de petits sentiers de traverse (au départ, je cherchais des toiles du jeune Monet), je suis tombé sur le nommé Albert Lebourg. Jamais entendu parler ? J’ai des doutes, à moins que vous ayez fait des études d’Histoire de l’Art. Le sieur Lebourg fut donc un peintre de l’École de Rouen, né en 1849, mort en 1928, qui vécut et enseigna, pendant cinq ans, à Alger, qui exposa plusieurs fois au Salon et qui a eu une certaine prédilection pour des paysage enneigés et des bords de l’eau. Et voici que le cercle se ferme et que nous revenons à l’origine de cet article – la neige.
Les peintres impressionnistes ont été fascinés par la lumière et ses effets sur les objets. Par la luminosité qui entoure les objets et qui en dégage des couleurs qui peuvent varier d’un instant à l’autre. Une exposition à Cologne, il y a deux ans, portait comme titre (trop génial, d’ailleurs) : « Peindre la lumière ». C’est, dans une certaine mesure, vrai de tous les peintres, mais ce sont ceux de la deuxième moitié du XIXe qui ont poussé plus loin les efforts de leurs prédécesseurs et qui n’ont pas voulu mettre la peinture au service de quoi que ce soit. Pour une large part, leurs peintures sont donc des expériences menées sur la lumière. Témoin, les peintures en série de la cathédrale de Rouen ou les célèbres meules de foin (toujours Monet, hein ?!).
Quand on parle de lumière, on parle nécessairement de reflets. Et qu’on pense un peu à la capacité des flocons de neige de refléter la lumière, de briser les rayons envoyés par le soleil et de produire une multitude de couleurs ainsi qu’une clarté sans pareil, au bon milieu de la saison sombre. On ne s’étonne donc pas de voir les peintres quitter leurs ateliers malgré le froid souvent glacial pour profiter d’un tel spectacle. Et voici que je vous présente une petite galerie qui vous fera, je l’espère, les tableaux d’Albert Lebourg.
Encore une remarque avant de – finalement – vous laisser tout à la contemplation : La plupart des tableaux de Lebourg est dispersée à travers les musées de la France entière, mais le musée d’Orsay en a quelques-uns aussi. Alors, amis Parisiens, profitez !!
2 réponses à “La neige vous fait râler ? Regardez les tableaux d’Albert Lebourg … (ces impressionnistes qu’on oublie, part I)”
Une superbe collection de l’ancienne galerie Jean du Ruaz, contenant de magnifiques oeuvres d’Albert Lebourg, sera exposée du 4 au 12 octobre 2014 à la salle des ventes CAMPO Vlaamse Kaai, Belgique (www.campo.be). La vente aux enchère aura lieu le mardi 14 octobre à 19h.
Merci d’avoir laissé un commentaire et d’avoir attiré l’attention de mes lecteurs sur un événement qui à coup sûr vaudra le déplacement.