Aujourd’hui, Anne Bert aurait eu 63 ans. Et elle aurait sans doute adoré pouvoir célébrer cette date comme il se doit, près de la source de sa vie, portée par les eaux océanes de l’Atlantique. Au lieu de cela, la maladie lui a opposé une fin de non-recevoir et elle a choisi, dans un dernier acte de sa volonté d’airain, de s’en aller. De partir pour échapper à la souffrance, pour éviter que la maladie ne la prive de l’essence de ce que nous rend humains – la liberté.
Anne est morte, et pourtant, elle ne m’a jamais quitté. Je pense à elle pratiquement tous les jours, à cette femme que j’ai pourtant si peu connue, et davantage à travers ses textes qu’à travers les rencontres. Parfois, il faut le croire, de drôles de liens se tissent, à notre insu, à travers les distances. Des liens qui se révèlent au moins aussi forts que des amitiés entretenues pendant des décennies.
J’ai dû te laisser partir, Anne, le cœur en lambeaux, mais je refuse de céder. Je te retiens par la force de mes souvenirs, et je refuse de lâcher prise avant de claquer la porte à mon tour. Anne, je t’aime comme si je t’avais connue depuis toujours. Que la terre te soit légère !
Oh death, where is thy sting ? Oh grave, where is thy victory ? Sleep on beloved sleep on beloved your gentle sleep
