Depuis des mois, et tout particulièrement depuis le chantage exercé par le parti populiste danois de Pia Kjærsgaard contre le gouvernement de Copenhague en vue d’entraver la libre circulation à travers les frontières, symbole par excellence d’une Europe libre et unifiée, je dénonce le populisme. Il y a à peine trois jours, j’ai eu l’occasion de citer l’allocution magistrale du roi des Belges, Albert II., mettant en garde le pays contre une forme de poujadisme, menace pour la démocratie. Depuis, on a compris jusqu’où pouvaient mener les incitations à la haine qui se débitent dans certains milieux populistes, jamais très loin de l’extrême-droite.
La Sueddeutsche Zeitung, quotidien allemand, révèle, dans une interview avec Daniel Poohl, journaliste suédois, la proximité de mouvements populistes et anti-musulmans comme celui du parti populaire danois avec les milieux norvégiens d’où est issu l’ogre d’Oslo.
Ne serait-il pas temps de réfléchir ? De respecter enfin toutes ces mises en garde qui ne manquent pas pour dénoncer les dangers de mouvements populistes, rétrogrades, xénophobes et déclencheurs de violence ? Le fait que cela s’est produit en Norvège, un des pays les plus riches du monde, montre à quel point la haine des immigrés et de ceux qui se battent pour un monde meilleur avec moins de frontières et moins d’injustice, est engendrée non point par la misère, mais par l’avarice et l’égomanie de celui qui veut tout garder, qui veut interdire l’accès aux pots de viande à ceux que notre capitalisme excessif réduit à la misère, sous prétexte de ne pas pouvoir nourrir le monde entier.
Prenons notre courage dans nos deux mains et osons progresser vers un continent libre et accueillant. Les bases en ont été jetées par nos grand-parents, mais le plus difficile reste à faire : animer les structures et vivre l’Europe au quotidien, vaincre la peur de l’autre et s’ouvrir au monde enfin, afin d’assécher les marais xénophobes où se fomentent la haine et le meurtre.