Il semblerait que, d’après des informations circulant sur Facebook et confirmées par des auteurs de la maison, le tribunal de commerce d’Aix en Provence a déclaré, le 23 avril 2013, les Édition Kirographaires en liquidation judiciaire. Il s’agit donc bien de la fin définitive d’une maison qui, malgré ses nombreuses difficultés, a eu à son actif des auteurs très talentueux comme p.ex. Éric Neirynck, auteur Bruxellois dont le recueil de nouvelles FACEBOOK mon amour, sorti en janvier 2013, a été accueilli très favorablement par la blogosphère. D’autres, dont les textes mériteraient d’être connus du public, comme par exemple Les petites dérives d’Aurélie Gaillot, n’ont même pas eu cette chance-là, l’auteur ayant rompu le contrat après des mois et des mois d’attentes toujours frustrées.
Certes, une liquidation n’a rien d’anormal dans le système capitaliste dans lequel nous sommes obligés de vivre. Rien n’est, en effet, plus juste, mais il faut souligner une spécialité de cet éditeur qui rend sa disparition plus fâcheuse que d’autres. Il faut savoir que le modèle économique des éditions Kirographaires a été en grande partie basé sur un système de pré-commandes. Ceci signifie que les auteurs étaient tenus de fournir à la maison des listes d’adresses électroniques de leurs contacts et que ceux-ci ont ensuite reçu une lettre de la part de l’éditeur, les informant de la parution du livre d’un tel, livre qu’on pouvait dès à présent pré-commander. Dans ces listes se trouvaient systématiquement des amis et des connaissances des auteurs respectifs, et un grand nombre de livres a été vendus ainsi, parfois des mois avant la parution du titre en question. L’argent, lui, a par contre été encaissé tout de suite. Ce système a fonctionné pendant un certain temps, mais il y a un grand nombre d’auteurs dont le livre n’a jamais été imprimé (et la liquidation a mis une fin définitive aux espoirs les plus tenaces). Imaginez un peu la gêne des auteurs qui ne pourront rien répondre aux questions de leurs amis et qui se verront peut-être moralement obligés de les rembourser ? Dans le cas de ma Nathalie (cas théorique, vu que le livre a bien été imprimé), j’aurais eu à débourser une somme de 234,50 €, soit dix pré-commandes pour un livre de 23,45 €. Une jolie somme, surtout quand on considère qu’un auteur est censé être rémunéré pour son travail… Certains auteurs ont même rapporté des pratiques encore plus douteuses, ayant consisté à demander aux auteurs de verser de l’argent afin d’accélérer le processus éditorial. Ceci quelques semaines avant la liquidation, ce qui n’a laissé que peu de chances à de telles promesses de se réaliser. Il faut espérer que ces Sirènes-là n’ont pas été entendues !
En fin de compte, je vois cette décision du tribunal avec un certain malaise, parce qu’un éditeur qui disparaît, cela laisse toujours une lacune, surtout quand on connaît les espoirs et les illusions des auteurs qui s’y rattachent. En même temps, vu les pratiques des dernières semaines, il faut saluer la décision, parce que cela empêchera d’autres de tomber dans le piège et de jeter de l’argent dans un abîme.
Commentaires
23 réponses à “Les Éditions Kirographaires en liquidation judiciaire”
Thomas, L’Ombre blanche est maintenant dispo au format Kindle (http://amzn.to/15UxMeE). Je réagis vite ;) Rhapsodie pour un Ange va suivre.
C’est une bonne nouvelle, Paul ! Tiens-moi au courant pour que je puisse mettre à jour les liens.
Voilà, j’ai mis à jour les liens de mon article, et ils pointent désormais vers les versions numériques de tes textes. Au fait, la publication en numérique serait peut-être une piste pour d’autres dont les textes ne paraîtront pas et qui ont été pré-commandés ?
Pour Kirographaires, penses tu que les auteurs qui ont été publiés, peuvent oser demander, en compensation, les livres en stock chez kiro ?
On n’a rien à perdre, non ? Et on peut toujours essayer. C’est d’ailleurs une très bonne idée que je mettrai à exécution vu qu’il devrait y avoir encore des exemplaires du mien dans les locaux de Lyon.
tu peux toujours tenter, garcia. il suffit pour cela de t’adresser au liquidateur
Quant à moi ainsi que les autres directeurs d’ouvrage, on ne récupèrera jamais notre dû ! J’ai travaillé comme une folle pour les Editions Kiro et je ne toucherai jamais rien !
Je suis quand même bien contente qu’ils finissent par tout perdre mais j’espère surtout qu’on les empêchera de remonter une connerie pareille !
On était recruté en masse pour effectuer les pires tâches, mais pour ma part je n’ai jamais été rémunéré malgré mes lettres de mise en demeure et mes plainte au tribunal.
C’est une honte, cette maison d’édition était un honte mais je me targuerai toujours d’avoir fait MA PARTIE du travail alors qu’eux n’ont même pas été capable d’assumer.
Je suis désolé, Aurély :-( J’espère seulement que tu auras au moins noué des contacts enrichissants, parce que c’est ça au moins qui restera et qui t’aidera à avancer.
C’est désolant. Je fais partie de ces auteurs qui ont cru à la mésaventure Kirographaires. Au final, la déception est grande, même si le livre « Cinq petits mondes » a été publié (avec 14 mois de retard) et qu’il a (eu) le mérite d’exister ce qui n’est pas le cas pour tous les auteurs. Le procédé que vous décrivez ici reflète une triste réalité : les auteurs sont les dindons de la farce, sous couvert d’avoir cet immense privilège d’être publiés. Je trouve particulièrement choquant le fait que certains auteurs seront considérés comme des aimables escrocs par les gens qui leur ont pré-achetés leur livre.
C’est comme vous dites, Damien, c’est désolant voire choquant. Mais bon, il faut passer outre. J’ai profité de l’occasion pour prendre des renseignements à propos de votre livre qui me semble être fort intéressant. Est-ce que vous comptez le proposer ailleurs ? Pour tous ceux qui aimeraient « liker » sa page Facebook, c’est par ici : Cinq petits mondes.
Oui, je pense le proposer ailleurs, après avoir récupérer les droits – ce qui me semble automatique en cas de liquidation judiciaire. Outre Kirographaires, une ou deux maisons d’édition avaient été intéressées ; hélas, j’ai choisi la mauvaise jument.
Je ne sais pas si c’est automatique. À votre place, j’enverrais un petit mot à la mandataire pour lui signifier que vous résiliez le contrat. L’adresse de celle-ci est :
Mtre Rafoni Dominique
7 rue Joseph D’Arbaud
Aix en Provence
Bonne chance pour la suite !
Il faut se réjouir de cette fermeture et non pas pleurer la perte d’un éditeur. Il s’agissait ni plus ni moins que d’un système de Ponzi, un système d’escroquerie pyramidal voué à l’échec : soit les responsables en étaient conscients, et donc ont roulé volontairement des centaines de personnes (auteurs et pré-commandes), soit il s’agissait d’incompétents notoires et butés, au vu des joutes épistolaires que certains d’entre nous ont entretenu avec eux, notamment avec la « directrice » éditoriale qui réceptionnait les manuscrits sans les lire, tout comme leur récent chargé de communication, qui a jusqu’au bout tenté soit d’y croire, soit de rouler dans la farine les plus naïfs. Leur nom est désormais lié à cette escroquerie, j’espère pour eux qu’ils n’auront pas le toupet de chercher du travail dans l’édition, avec une telle casserole.
La directrice éditoriale était également une catastrophe ! Elle n’était pas du tout sympa avec les auteurs ni avec les directeurs d’ouvrage. Elle nous mettais une pression folle ! Nous devions, en tant que directeur d’ouvrage, s’occuper de TOUT. De la correction à la publication ; elle ne servait strictement à rien. Je suis intimement convaincue qu’ils ont agit de façon à manipuler tout le monde. Pour ma part je me désole de la fermeture car je ne recevrai jamais mon salaire !! J’y ai tout de même travaillé pendant plus d’un an !! Mais c’est ainsi et je pense que ce ne sera que leur coup d’essai… :”(
Personnellement, j’ai à me plaindre de leurs nombreux silences, mais le ton des mails, quand réponse il y a eu, était toujours correct.
Oui il y avait de très très bons auteurs. Pour ma part j’ai travaillé aux côtés d’auteurs formidables qui méritent d’être connus. Cependant, je peux vous dire que quasiment tous les manuscrits qui étaient envoyé trouvaient leur place… ce qui était une grossière erreur car de nombreux ouvrages sont sortis et n’en valaient vraiment pas la peine.
J’ai eu deux expérience dans l’édition (après des études supérieures dans l’édition) et je peux vous dire que ce n’est pas un milieu joyeux ; arnaques en tout genre, exploitation, etc. Personnellement j’ai eu la malchance de tomber sur deux maisons d’édition avec des dirigeants qui ressemblaient beaucoup à des tyrans. Je suis extrêmement déçue et j’ai mis près d’un an à me remettre de ce nouvel échec.
Je suis tout de même contente qu’ils soient en liquidation judiciaire mais je ne vois pas trop ce qu’il va réellement se passer pour eux : on ferme leur société… et voilà ? Je trouve ça stupide car ils vont certainement remonter une nouvelle affaire et recommencer … ailleurs !
Pendant les dix-huit mois de ma carrière en tant qu’auteur kirogryphe, j’ai travaillé avec des personnes très agréables et qui faisaient des efforts pour faire avancer les choses, et j’en ai croisé d’autres… Quant à savoir s’il y avait escroquerie ou autre chose, il appartiendrait aux tribunaux de trancher, si jamais la justice devait se saisir de l’affaire.
Je ne plains pas tellement la disparition de cet éditeur particulier, mais le fait que des auteurs de talent se retrouvent dans le vide, comme cet excellent Éric Neirynck. Certes, il y a des chances pour que ceux-ci retrouvent une autre maison, plus à même de s’occuper d’eux, mais pour l’instant, c’est le flou.
Bonjour à vous,
C’est navrant pour ces personnes venant de perdre leur emploi. Des Directeurs et Directrices d’ouvrages sympas, enfin, deux directrices ont finalisé ce projet d’écriture, pour ma part.
Je sais une chose, dans les coulisses de Kiro, l’équipe se démenait pour garder la tête hors de l’eau et sauver l’entreprise de l’abyme. Jusqu’au bout, ils/elles ont été là, sur le pont de ce « Titanic-littéraire » et c’est encore eux qui ont assumé les derniers mots envers les auteurs, car la direction générale avait déjà quitté le navire et cela depuis belle lurette. Je ne regrette rien de cette aventure Kiro, car je sais qu’il y avait des gens honnêtes dans la salle des machines de kiro !
Il n’y pas de honte à couler, c’est la crise pour tous ! Cependant, c’est bien plus classe lorsque le commandant est à la barre, assumant fièrement, les dernières heures de Kirographaires. Vu d’ici, c’est à croire que ce ne sont pas les rats qui ont quitté le navire en premier… ;o(
Nous voici d’ex-futurs-auteur dans la mouise, devant faire face à ces personnes qui vont perdre de l’argent à cause d’un bouquin « pré commandé ». Trois, quatre, dix, vingt, une centaine d’ex-futurs-lecteurs ? Mince !… Ils vont s’en souvenir de l’auteur et son livre (à la con), sans jamais l’avoir lu ! ;o)
Une pensée à toute l’équipe des Directeurs et Directrices d’ouvrages en espérant qu’ils rebondissent au mieux.
Merci à vous Tmoppa28 pour ce suivi d’actualité.
Bonjour, et merci de vous avoir exprimé ici. Une remarque à propos de ce que vous dites dans votre article :
Il me semble que les auteurs retrouvent tous leurs droits suite à la liquidation judiciaire, c’est au moins ce que m’assurent certains confrères croisés sur Facebook et ailleurs. Il faudrait sans doute vous adresser à Me Raffoni pour en savoir davantage. Quoi qu’il en soit, je souhaite longue vie à votre Mr. Toxic, projet qui me semble des plus louables !
Bravo et merci pour ce résumé édifiant de la situation.
Pour info, voici le texte que j’ai écrit il y a déjà plus d’un an, éclairant les pratiques curieuses de cette maison qui n’avait d’édition que le nom…
http://www.facebook.com/bob.tazar?ref=tn_tnmn#!/notes/bob-tazar/ed-kirographaires-bienvenue-dans-le-grand-monde-de‑l%C3%A9dition/380427751983658
Bonjour,
A ma connaissance et en fonction des informations que vous donnez, si vous n’avez pas été payé de droits d’auteurs qui vous seraient dus, cela doit rendre caduc votre contrat signé avec les éditions Kirographaires et vous permettre de ce fait de proposer vos textes à d’autres éditeurs.
En tant que responsable d’édition numérique (AlterPublishing), je vous propose de publier ces textes dans notre maison d’édition (en mentionnant notamment la publication antérieure chez Kirographaires pour des raisons juridiques), avec un contrat en bonne et due forme, et de vous mettre par ailleurs en contact avec notre avocat attitré, spécialiste de l’édition numérique, qui pourrait vous aider par ailleurs pour vous aider à traiter ce genre d’affaires, quoi que vous décidiez par ailleurs.
Bien cordialement,
Pascal Poiget
pascal.poiget@alterpublishing.com
Bien évidemment, cette proposition s’adresse à tous les auteurs dans le même cas.