Ber­nard Mar­ge­ride, Chas­sés-croi­sés / Au bord de la piscine

Pour­quoi par­ler de deux titres dans un seul article ? Une ques­tion bien fon­dée vu que je tiens à octroyer à chaque titre l’es­pace qu’il mérite. Et voi­ci déjà un pre­mier élé­ment de réponse…

J’ai sérieu­se­ment réflé­chi à la ques­tion s’il fal­lait reti­rer ces deux textes des Lec­tures esti­vales du San­glier. Parce que non seule­ment je n’ai pas aimé les textes, mais l’é­té n’y est qu’un pré­texte pour atti­rer le cha­land – moi, en l’oc­cur­rence – et pour four­nir un cadre à des excès en tous genres. Loin de moi l’i­dée de vou­loir arrê­ter qui­conque dans sa course vers la palme du plus grand nombre de fan­tasmes ou d’ex­cès à cou­cher sur papier. Mais quand ce fan­tasme se borne à humi­lier les pro­ta­go­nistes (fémi­nines, évi­dem­ment) et à leur infli­ger de sérieuses bles­sures, je réponds par un « Non, très peu pour moi ! ».

Et voi­ci, dans sa ver­sion la plus réduite, la teneur de ces deux textes très peu éro­tiques, mais vio­lents à sou­hait. S’ils brillaient par d’autres qua­li­tés, comme par exemple un style irré­sis­tible où une inven­ti­vi­té sans pareil de la part de l’au­teur, je me serais sans doute lais­sé séduire, qui sait. Après tout, même des auteurs très peu fré­quen­tables comme un Louis-Fer­di­nand Céline ont pu sau­ver leurs textes de l’op­probre grâce à une maî­trise du style impec­cable qui lais­se­rait pen­ser à un magi­cien de la parole lit­té­raire, mais ce sont là des qua­li­tés hors de por­tée du Sieur de la Margeride.

Pour­quoi les avoir gar­dés alors ? Et ben, vous connais­sez sans doute le pro­cé­dé du San­gler quand il s’a­git de choi­sir les titres des­ti­nés à entrer dans ses Lec­tures sous le soleil : Je passe les mois obs­curs de l’hi­ver et des débuts du prin­temps à choi­sir des textes qui pour­raient répondre à mes cri­tères de choix. À savoir mettre les lec­teurs et les lec­trices dans l’am­biance fes­tive que créent les acti­vi­tés en bord de mer sous le soleil. Des acti­vi­tés impli­quant bien sûr des gali­pettes, des concours de jambes en l’air, le glis­se­ment des mains et des regards sur les peaux bron­zées, les narines que cha­touille le par­fum des huiles et des crèmes solaires, la ten­ta­tion des chairs expo­sées et la séduc­tion des demoi­selles très légè­re­ment vêtues se bala­dant le long des bandes de sable quitte à dis­pa­raître dans les dunes où, Sirènes modernes, elles guettent les Ulysses en mal de chair qui auraient oublier de se bou­cher les oreilles…

À lire :
Emmanuelle Houdou, L'été les petites culottes s'envolent

Dans les deux textes en ques­tion, si on trouve par-ci par-là quelques pâles sou­ve­nirs de ces condi­ments, leur pré­sence s’ex­plique plu­tôt par une volon­té de four­nir un cadre quel­conque aux sévices des maîtres-fouet­tards qu’on ne fré­quente que trop à côté des pis­cines ou au cours des soirées.

OK, tout ça pour vous expli­quer que, étant un grand cham­pion de la liber­té de la parole, sur­tout quand il s’a­git de ces éter­nels mal com­pris que sont les auteurs et les autrices de textes éro­tiques et por­no­gra­phiques, je ne vou­lais abso­lu­ment pas reti­rer les textes signés par Ber­trand Mar­ge­ride, même si je ne les ai pas appré­ciés du tout. À vous, chères lec­trices et lec­teurs bien-aimés, de vous faire une idée. Vous êtes désor­mais prévenus.

Ber­nard Mar­ge­ride
Chas­sés-croi­sés
Média 1000
ISBN : 9782744830105

Au bord de la pis­cine
Média 1000
ISBN : 9782744829260

Bernard Margeride, Chassés-Croisés & Au bord de la piscine
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95