Le moyen pour faire sortir le Sanglier de ses bois ? Parler de l’été avec son cortège de canicules, de peaux appétissamment bronzées, de seins arrogants qui sentent si bon la crème solaire, le reflet du soleil sur les ondes et les pieds brûlés par le sable chauffé à blanc. Et oui, c’est aussi facile. Il faut croire que certains s’en sont donné la parole, c’est au moins l’impression que m’ont laissée certains titres accueillis dans mes lectures – peut-être après une procédure de sélection trop peu rigoureuse. Si les paroles sont bien présentes – été, vacances, mer, plage – l’esprit n’y est pas, et l’été se réduit à un bête décor, prétexte pour présenter ses protagonistes dans le plus simple des appareils et dans lequel les nanas promènent leurs orifices toujours avides de queues et de langues et où les mecs lancent leurs bites telles des cannes de pêcheurs dans l’espoir de voir de belles sirènes se laisser tenter.
Dans le cas qui nous occupe, celui de Vicky, nous avons affaire à une belle jeune femme de 25 ans – délaissée par son mari, malgré des attraits que l’intéressée n’a pas l’habitude de cacher, même dans la plus improbable des poses :
C’était un jour ordinaire pour moi. J’étais allongée sur le canapé comme une patate sexy, surfant sur Netflix et essayant de trouver quelque chose d’amusant à regarder. 1
Je parlerais bien de l’humour dont la narratrice fait preuve ici, si je ne craignais qu’il ne s’agisse là d’un accident des plus heureux. Quoi qu’il en soit, la belle et (future) indécente Vicky a, au moment où nous la croisons, un projet : obtenir de son mari de partir en vacances à la mer. Un projet qu’on ne peut que louer ! D’autant plus qu’on se demande quel genre de mec passe quatre ans avec sa femme sans partir en vacances… Je vous laisse découvrir de quelle façon la jeune femme se prend pour convaincre sa moitié, mais je parie que vous l’aurez deviné. « Mener qqn par le bout de sa queue » est l’expression qui ici s’impose presque sans réfléchir.
Inutile de de vous dire qu’on retrouve notre couple très bientôt à la plage, sauf que
a) ils tombent sur Georges, un collègue de Thomas que la belle Vicky a déjà quelque peu allumé avant le départ, et que
b) le mari sus-mentionné profite du premier prétexte (il détesterait la plage) pour s’absenter et laisser sa femme entre les grosses pattes de son collègue et ami.
Vous l’aurez vu venir, le collègue en question n’attend pas son tour avant de passer à l’acte : un peu de crème solaire étalée sur le dos de la belle, des compliments à tout bout de chemin, une invitation de passer au spa. Et là, les choses passent à la vitesse supérieure et la belle ingénue se retrouve nue entre les mains d’un George en train de lui masser les seins avant de passer à la chatte qu’il lèche de façon experte. Inutile sans doute de vous préciser que tout cela se termine par une belle partie de jambes en l’air et « le meilleur orgasme de [s]a vie. » 2 Pour le dire avec les mots de Vicky. Ce qui ne l’empêche pas « de faire comme si rien ne s’était passé » 3 tout en enfilant son bikini après coup.
Bon. Tout cela n’a rien de très surprenant ou d’insolite pour l’amateur de pornos que je suis. Il suffit de feuilleter quelques pages de ma Bauge pour tomber sur des passages bien plus indécents que celui que je viens de vous décrire. Le problème est plutôt que le ressenti n’y est pas. C’est comme un scénario qui se déroule et qui ne permet pas la moindre digression, transformant ses protagonistes en automates au parcours pré-arrangé. Un déroulement qui, malgré les détails juteux et indécents à souhait, ne fait frétiller la moindre petite queue, asséchant les chattes par un ennui que la lectrice voit venir de bien trop loin.
Je dois avouer que j’ai failli enlever le texte de la liste de mes Lectures estivales, mais comme j’ai de l’ambition et que le texte ne compte de toute façon pas beaucoup de pages (une cinquantaine à peu près dans la numérotation de mon logiciel de lecture), j’ai persisté, et c’est grâce à cette persistance que je suis tombé sur un passage qui, après tout, valait l’effort. Comme quoi les textes les plus fades peuvent contenir des trésors insoupçonnés. Et le passage en question est sans doute celui qui donne tout son sens au sous-titre du texte : un plaisir inoubliable. Je ne vous dévoile pas les détails, sachez seulement qu’il s’agit d’un passage au bar, d’une petite séance d’exposition et d’un rendez-vous pris pour le lendemain. Lendemain où la jeune femme sera à nouveau exposée et mise à la disposition d’un duo d’inconnus. Cette fois-ci, l’idée donne enfin envie de continuer la lecture afin de pouvoir assister au spectacle. Mais il ne faut pas attendre bien longtemps avant de voir les défauts refaire surface et on tombe sur un trésor comme celui-ci :
Celui qui léchait ma chatte s’est levé et a mis ma nourriture sur ses épaules. 4
On ne peut que pousser de profonds soupirs – à moins d’opter pour de gros coups d’un fou rire. On se trouve au milieu d’une séance des plus sordides où une jeune femme ne fait pas que frôler, mais embrasser sans la moindre retenue une indécence peu commune, et une phrase pareille fait s’évaporer la moindre étincelle de magie sexuelle. Sans mentionner le fait que le dialogue qui précède – celui qui accompagne les geste de Georges qui menotte et qui déshabille la belle – ne donne pas vraiment l’impression de préparer une scène de chaleur intensément sensuelle où une jeune femme de 25 ans renonce à toute forme de décence, étalant ses orifices dans toute leur crudité sous le nez des invités de fortune.
L’été coquin de Vicky se prolonge par un deuxième volume : Péchés de bord de mer : Un été de plaisir. Un péché que je vais pourtant me refuser, même si je dois concéder à l’autrice d’avoir des idées qui pourraient favorablement nourrir un texte érotique. Sauf que l’exécution fait trop souvent trébucher le lecteur même peu exigeant.
Camille Dupont
L’été de Vicky : Un plaisir inoubliable (Mon été coquin t. 1)
Kindle Unlimited
ASIN : B0D6RK1TVY