Voici, après Notaire le jour, escort girl la nuit, un autre titre réalisé par Pierre Dupuis pour Média 1000, La vue d’un uniforme me donnait envie de faire l’amour. Comme c’était l’habitude des éditeurs de l’époque, la BD a originellement paru sous le nom de son héroïne – Claudine – mais on doit constater que même la couverture de la version originale faisait paraître le petit nom de la protagoniste plutôt comme une sorte d’appendice, une note de bas de page. Et depuis que l’éditeur ne mise plus sur l’illusion de la véracité du récit pour attirer le chaland, le prénom a été tout bêtement supprimé de la couverture, sort partagé par le qualificatif « Témoignage vécu ».

Mais l’essentiel a bien sûr été sauvegardé, à savoir l’érotisme d’une farouche crudité que Pierre Dupuis exprime à travers un trait sauvage, à grand coups de griffes lâchés sur le papier comme autant de lacérations, rapides et cruelles et tellement expressives à travers leurs crudité et l’apparence sommaire qui se rapproche de l’esquisse. Un procédé qui réussit à merveille à traduire en images les convulsions des orgasmes infligés aux protagonistes. Et tout comme Marie-Sophie, la notaire tellement portée sur les galipettes qu’elle a voulu en faire une profession, Claudine appartient à la race de celles qui fondent sous les coups de boutoirs des étalons. Ou encore sous ceux des bouts de langue des jolies femmes tentées par les plaisirs de Lesbos.
Mais, à la différence de notre chère notaire, Claudine est sujette à un fantasme qui oriente le choix de ses partenaires d’ébats sur celles et sur ceux qui arborent un bel uniforme. Et la liste de ses rencontres se lit comme une parade de tous les fantasmes gracieusement exploités par l’industrie du porno : le soldat, le pompier, le docteur, le marin, des flics et fliquesses, le pilote, le matador. Et, évidemment, pour conclure en beauté, le prêtre. Prenez un de ces termes et faites de petites recherches sur le site de votre librairie numérique préférée, sur votre moteur de recherche habituel ou encore sur le site X de votre choix, et vous y trouverez un grand nombre de clips et de textes consacrés à cette obsession particulière1. Et apparemment pas si peu commun que cela, puisque même « le soldat » – celui qui, fidèle à sa profession, ouvre la brèche en initiant Claudine au sexe – se fait une réflexion comme quoi Claudine serait :
Encore une qui mouille pour les bidasses !…2

L’histoire de Claudine n’a rien de très original, mais avouons-le, ce n’est pas nécessairement ce que l’on demande à un titre qui se réclame très ouvertement du porno. On voit donc passer Claudine passer entre les bras d’une multitude d’hommes et de femmes, qui s’occupent à l’envoyer en l’air en lui faisant oublier jusqu’à la dernière trace de décence. Un but clairement atteint en fin de parcours quand la jolie et toujours jeune Claudine insiste en proposant à son mari de la prendre dans un lieu bien particulier :

C’est la fin d’une aventure imaginée par le sus-dit mari, l’aviateur rencontré au fil des pages par une Claudine assoiffée de sexe et assiégée par les démons de son fantasme. Un homme qui, visiblement, ne se contente pas d’être la cible de toutes les obsessions, mais qui nourrit le feu des passions de sa femme en lui faisant découvrir les joies des orgies et des excès en la livrant tour à tour à ses collègues et à l’homme d’église auquel la belle vient de se confesser. Soufflant de sa belle bouche de suceuse accomplie sur la braise des passions du pauvre homme en lui racontant le détail de ses escapades. C’est ainsi non seulement le cadre du récit, mais sans aucun doute un de ses points culminants. Ainsi que du parcours de la protagoniste. Qui finit par perdre toutes les inhibitions. Un beau récit exprimé à travers des images luxuriantes qui captent la passion et la perte de contrôle subies par une belle jeune femme en proie à son fantasme qui la transforme en poupée de chair dès qu’elle aperçoit un bout d’uniforme.
Pierre Dupuis
La vue d’un uniforme me donnait envie de faire l’amour
Média 1000
ISBN : 9782362344534
- Pas besoin de chercher bien loin ! Il suffit de jeter un coup d’œil sur un titre de la même collection, signé par Laura Zyck : Martine ou Mes aventures sexuelles quand j’étais hôtesse de l’air, le n° 5 de la collection Confessions érotiques BD. Et pourquoi pas se permettre une incursion dans les riches champs de la concurrence qui n’a pas omis non plus de consacrer au fantasme, notamment à celui de l’hôtesse de l’air ou de l’auto-stoppeuse ? ↩︎
- Pierre Dupuis, La vue d’un uniforme me donnait envie de faire l’amour…, p. 13 ↩︎