Pierre Dupuis, La vue d’un uni­forme me don­nait envie de faire l’amour

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Voi­ci, après Notaire le jour, escort girl la nuit, un autre titre réa­li­sé par Pierre Dupuis pour Média 1000, La vue d’un uni­forme me don­nait envie de faire l’a­mour. Comme c’é­tait l’ha­bi­tude des édi­teurs de l’é­poque, la BD a ori­gi­nel­le­ment paru sous le nom de son héroïne – Clau­dine – mais on doit consta­ter que même la cou­ver­ture de la ver­sion ori­gi­nale fai­sait paraître le petit nom de la pro­ta­go­niste plu­tôt comme une sorte d’ap­pen­dice, une note de bas de page. Et depuis que l’é­di­teur ne mise plus sur l’illu­sion de la véra­ci­té du récit pour atti­rer le cha­land, le pré­nom a été tout bête­ment sup­pri­mé de la cou­ver­ture, sort par­ta­gé par le qua­li­fi­ca­tif « Témoi­gnage vécu ».

Une femme penchée en avant, nue et en train de se pincer les tétons, près de jouir.
Clau­dine se fait enfi­ler par le pilote, son futur mari (p. 86)

Mais l’es­sen­tiel a bien sûr été sau­ve­gar­dé, à savoir l’é­ro­tisme d’une farouche cru­di­té que Pierre Dupuis exprime à tra­vers un trait sau­vage, à grand coups de griffes lâchés sur le papier comme autant de lacé­ra­tions, rapides et cruelles et tel­le­ment expres­sives à tra­vers leurs cru­di­té et l’ap­pa­rence som­maire qui se rap­proche de l’es­quisse. Un pro­cé­dé qui réus­sit à mer­veille à tra­duire en images les convul­sions des orgasmes infli­gés aux pro­ta­go­nistes. Et tout comme Marie-Sophie, la notaire tel­le­ment por­tée sur les gali­pettes qu’elle a vou­lu en faire une pro­fes­sion, Clau­dine appar­tient à la race de celles qui fondent sous les coups de bou­toirs des éta­lons. Ou encore sous ceux des bouts de langue des jolies femmes ten­tées par les plai­sirs de Lesbos.

Mais, à la dif­fé­rence de notre chère notaire, Clau­dine est sujette à un fan­tasme qui oriente le choix de ses par­te­naires d’é­bats sur celles et sur ceux qui arborent un bel uni­forme. Et la liste de ses ren­contres se lit comme une parade de tous les fan­tasmes gra­cieu­se­ment exploi­tés par l’in­dus­trie du por­no : le sol­dat, le pom­pier, le doc­teur, le marin, des flics et fli­quesses, le pilote, le mata­dor. Et, évi­dem­ment, pour conclure en beau­té, le prêtre. Pre­nez un de ces termes et faites de petites recherches sur le site de votre librai­rie numé­rique pré­fé­rée, sur votre moteur de recherche habi­tuel ou encore sur le site X de votre choix, et vous y trou­ve­rez un grand nombre de clips et de textes consa­crés à cette obses­sion par­ti­cu­lière1. Et appa­rem­ment pas si peu com­mun que cela, puisque même « le sol­dat » – celui qui, fidèle à sa pro­fes­sion, ouvre la brèche en ini­tiant Clau­dine au sexe – se fait une réflexion comme quoi Clau­dine serait :

Encore une qui mouille pour les bidasses !…2

« Encore une qui mouille pour les bidasses !… » (p. 13)

L’his­toire de Clau­dine n’a rien de très ori­gi­nal, mais avouons-le, ce n’est pas néces­sai­re­ment ce que l’on demande à un titre qui se réclame très ouver­te­ment du por­no. On voit donc pas­ser Clau­dine pas­ser entre les bras d’une mul­ti­tude d’hommes et de femmes, qui s’oc­cupent à l’en­voyer en l’air en lui fai­sant oublier jus­qu’à la der­nière trace de décence. Un but clai­re­ment atteint en fin de par­cours quand la jolie et tou­jours jeune Clau­dine insiste en pro­po­sant à son mari de la prendre dans un lieu bien particulier :

À lire :
Nicholson Baker, The Fermata
Clau­dine et la fin de toute décence.

C’est la fin d’une aven­ture ima­gi­née par le sus-dit mari, l’a­via­teur ren­con­tré au fil des pages par une Clau­dine assoif­fée de sexe et assié­gée par les démons de son fan­tasme. Un homme qui, visi­ble­ment, ne se contente pas d’être la cible de toutes les obses­sions, mais qui nour­rit le feu des pas­sions de sa femme en lui fai­sant décou­vrir les joies des orgies et des excès en la livrant tour à tour à ses col­lègues et à l’homme d’é­glise auquel la belle vient de se confes­ser. Souf­flant de sa belle bouche de suceuse accom­plie sur la braise des pas­sions du pauvre homme en lui racon­tant le détail de ses esca­pades. C’est ain­si non seule­ment le cadre du récit, mais sans aucun doute un de ses points culmi­nants. Ain­si que du par­cours de la pro­ta­go­niste. Qui finit par perdre toutes les inhi­bi­tions. Un beau récit expri­mé à tra­vers des images luxu­riantes qui captent la pas­sion et la perte de contrôle subies par une belle jeune femme en proie à son fan­tasme qui la trans­forme en pou­pée de chair dès qu’elle aper­çoit un bout d’uniforme.

Pierre Dupuis
La vue d’un uni­forme me don­nait envie de faire l’a­mour
Média 1000
ISBN : 9782362344534

  1. Pas besoin de cher­cher bien loin ! Il suf­fit de jeter un coup d’œil sur un titre de la même col­lec­tion, signé par Lau­ra Zyck : Mar­tine ou Mes aven­tures sexuelles quand j’é­tais hôtesse de l’air, le n° 5 de la col­lec­tion Confes­sions éro­tiques BD. Et pour­quoi pas se per­mettre une incur­sion dans les riches champs de la concur­rence qui n’a pas omis non plus de consa­crer au fan­tasme, notam­ment à celui de l’hôtesse de l’air ou de l’auto-stop­peuse ? ↩︎
  2. Pierre Dupuis, La vue d’un uni­forme me don­nait envie de faire l’a­mour…, p. 13 ↩︎
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95