Bon, on dit que la littérature peut t’apprendre des choses. Et ben, pour la BD dont je m’apprête à vous parler, on peut dire que c’est le cas. Parce que, pour ma part, je ne savais pas que Milan la bourgeoise, capitale des finances de la péninsule, était aussi celle de la débauche et que les clubs y abritaient de véritables orgies. Mais c’est justement pour cela que j’adore la lecture – on en sort grandi. Au moins pour ce qui est de certaines parties de l’anatomie masculine. Ce qui, il faut le souligner, est la faute aux trois héroïnes que Stefano Mazzotti lance à la conquête de la capitale lombarde : Anna, Lulù et Ily. Non seulement que les trois dénommées sont terriblement excitantes – ce dont le lecteur pourra facilement se rendre compte en regardant la couverture des Trois copines à Milan – , mais celles-ci ne reculent devant aucune exhibition dans la mesure où leurs charmes sont capables de leur attirer des bites. Ce qui ne manquera de se produire comme vous pourrez le constater au bout de quelques pages.

L’intrigue n’est pas des plus recherchées et se raconte en quelques mots : trois filles ont envie de s’éclater et décident de passer un week-end à Milan. Sous le coup d’un « élixir d’amour » rapporté par l’une d’elles du Maroc, elles perdent toutes les inhibitions avant de sombrer dans la chaleur sensuelle d’une nuit milanaise. Une nuit qu’elles terminent (Anna et Ily, au moins) dans une chambre inconnue en compagnie d’une faune locale des plus particulières où un trans se mêle à un nain producteur de porno, un stripper et un barman. Une joyeuse bande réunie le temps d’une nuit mémorable par le désir et l’envie de se faire éclater les chattes et exploser les bites. Et puisqu’on parle de transgression, même la plus timide de la bande, Anna, se laissera convaincre par les charmes des chattes qui s’agitent sous son nez et ne demandent qu’à être léchées.
Si l’intrigue n’a rien de raffiné, Mazzotti sait convaincre par un dessin aux traits plutôt sobres et l’usage de couleurs exubérantes bien adapté à cette nuit passée sous l’emprise de la drogue dont un des effets est de changer la perception des couleurs :
La perception des couleurs changera également, elles vous sembleront plus vives, les rouges plus rouges, les jaunes plus jaunes, les verts seront éclatants.1
Ce qui n’est pas faux :

Avec tout ça, on ne peut pas dire que les damoiselles s’ennuient. Ou se refuseraient quoi que ce soit. De bites à foison en chattes dégoulinantes en passant par les plaisirs hybrides offerts par Carmen, une trans dotée de belles paires de seins et de couilles, tout y passe au point de chauffer à blanc les chairs d’Anna qui, timide d’abord, est devenue le centre des attentions, incapable d’offrir le moindre répit à ses orifices :

Je l’ai déjà dit au début et je le répète, l’intrigue de cette BD n’a rien de bien passionnant. Tout est dans le dessin, dans les couleurs et surtout dans l’indécence de cette bande de copines. Qui n’hésitent pas à repousser les limites au-delà de toute décence et qui n’ont pas le moindre scrupule quand il s’agit d’avoir recours – pour mieux s’éclater – à une drogue aux ingrédients inconnus. Et qui se quittent, en fin de volume, en se promettant de remettre ça quelques semaines plus tard. Une attitude qui ne peux que plaire aux habitué(e)s de la Bauge.
Gaijinjoe, dans l’article consacré à Mazzotti, le rapproche de deux incontournables du dessin érotico-pornographique italien, à savoir Giovanna Casotto et Luca Tarlazzi, deux dessinateurs qu’il a pu croiser à l’époque de leur commune collaboration à la revue Selen. Il va même jusqu’à dire que la qualité du dessin de Mazzotti n’a rien à envier à ses deux compères de chez Selen :
Mazzottis Charaktere – besonders die männlichen Protagonisten – erinnern an die Arbeiten von Giovanna Casotto und Luca Tarlazzi. Qualitativ ist Mazzotti absolut ebenbürtig zu den genannten Künstlern.2
Je ne peux pas vraiment juger du bien-fondé de cette affirmation, n’ayant sous les yeux qu’un échantillon de son art produit vingt ans plus tard que les contributions de Mazzotti à la célèbre revue. Personnellement, je préfère le dessin assez épuré de Tarlazzi et l’art photo-réaliste de Casotto aux traits parfois bizarrement flous des personnages de Mazzetti dans les Trois copines. Je dirais même que le dessin n’arrive pas à bien cerner les caractères et que ceux-ci manqueraient ensuite de netteté. Est-ce pour cela que Mazzotti fait preuve ici d’une certaine tendance à l’exagération, en donnant à ses protagonistes des expressions assez bizarres, à la limite des grimaces ?

Mais le fait de manquer de netteté, c’est une remarque qui pourrait s’adresser aux protagonistes des Trois copines à Milan – tombées sous l’emprise de la drogue, les sens en ébullition, les chairs liquéfiées – et les moyens artistiques déployés par Mazzotti ne seraient plus que l’expression adéquate de l’état d’âme de celles-ci pendant leur interminable nuit de débauche.
Quoi qu’il en soit – et je suis conscient du fait que mes remarques relèvent en grande partie d’une question de goût – j’apprécie le côté indécent de cette aventure milanaise, une indécence qui n’a rien d’artificiel, mais qu’on dirait enracinée au plus profond des trois copines, n’ayant attendu que l’occasion propice pour éclore, telle une pétale intime gavée de sang, éclose sous les coups de langue d’une amante ou les assauts d’une bonne bite bien longue et épaisse. Et, contrairement à un grand nombre de ses confrères, Mazzotti n’a pas recours aux pratiques les plus exotiques ou aux ténèbres d’un donjon déchirées par les cris des soumises en sang pour séduire ses lectrices et ses lecteurs. Un détail que j’apprécie énormément. Une BD que je ne peux donc que recommander. Peut-être pour passer une petite heure sous le soleil afin de se mettre dans l’ambiance des nuits chaudes du littoral méditerranéen.
Stefano Mazzotti
Trois copines à Milan
Dynamite
ISBN : 9782382095447
- Stefano Mazzotti, Trois copines à Milan, p. 31 ↩︎
- « Les personnages de Mazzotti – et surtout ses protagonistes masculins – rappellent les travaux de Giovanna Casotto et Luca Tarlazzi. Niveau qualité, il se trouve au même niveau que les artistes sus-mentionnés. » (Gaijinjoe à propos de Stefano Mazzotti sur eroticcomic.info.) ↩︎