
L’été est pour moi, vous le savez, une obsession. Dès que je pense aux paysages ensoleillés des terres méditerranéennes, aux villes écrasées par le soleil et aux murs qui regorgent de chaleur, à la surface étincelante de la mer par un de ces torrides après-midi des criques du Roussillon ou des immenses plages de sables du Languedoc, j’ai une de ces envies de me bouger le cul, de lancer sncf-connect et d’acheter un billet – et pourquoi pas de non-retour – vers ces destinations oniriques qui me font fantasmer, qui m’inspirent des histoires (de cul) et qui me donnent le délire de tous ces corps à croiser, à découvrir, à palper… Bref – je deviens fou. Et cela se ressent sans doute dans le choix de mes lectures censées me conduire à travers la folie de ces délires. Et cette année-ci, je suis fier d’avoir concocté – pour vous, bien sûr, mes lectrices et lecteurs chéris, mais aussi pour moi-même – une liste de lectures estivales qui, j’en suis sûr, vous feront craquer ! Et comment résister à la petite merveille pondue par Andrew Tarusov et soigneusement éditée par ce cher Nicolas de chez Dynamite ? Je vous le demande, parce que, moi, j’ai bien sûr craqué dès que je suis tombé sur la couverture pendant une de mes visites régulières dans la librairie de chez BD-Adultes. Mater et acquérir ne furent qu’une affaire de quelques instants – OK, j’ai passé un peu plus de temps que ça à mater, mais comment ne pas succomber aux charmes de ces deux déesses que sont Betty et Rita, je vous le demande – et voici l’article que je leur ai consacré et à travers lequel j’espère vous attirer dans leurs filets1.
Bon, Swinging Island … Si on voulait le résumer en quelques mots, on vous dirait que c’est un épisode d’échangisme à la plage. Tout est dans le titre. Qui, avec le charme de son anglais original, évoque aussi un style de musique des plus détendus et évocateurs. Le lecteur débarque à la plage en compagnie de Betty et Grant, jeune couple qui s’apprête à vivre une journée de rêve à la plage d’une île malheureusement restée anonyme dans un coin de la planète gorgé de soleil. Bizarrement, moins sensible à la beauté éclatante du paysage, Grant est quelque peu embêté par une révélation que Betty lui a faite peu auparavant. À savoir qu’elle a déjà participé à un plan à trois. Elle, deux hommes et une multitude de positions que le pauvre Grant ne peut s’empêcher de voir et de revoir dans sa petite tête, en proie à une drôle de jalousie mêlée à un sentiment d’infériorité. Mais Betty – dont on sait maintenant qu’elle ne se refuse rien quand il s’agit de goûter aux plaisirs -, consciente sans doute du cinéma duquel Grant a du mal à se libérer, folle de son mec et en proie à une soif insatiable de galipettes, lui a concocté une petite surprise : Elle va enfin lui offrir ce « petit cul tout serré« 2 qu’il rêve d’investir depuis un certain temps. Mais avant de pouvoir passer à l’acte, la jeune belle doit s’absenter pour aller chercher sa gourde dans la voiture. Et comme le hasard, convoqué par le scénariste, fait bien les choses, voici que les choses commencent à se corser. Parce que notre jeune homme ne va pas rester seul pendant longtemps avec sa trique, l’ombre de Rita ne tardant à se pointer à l’horizon.3

Et celle-ci, à peine installée près du jeune homme, s’occupera avec une bonne grosse dose de malice à faire voir de toutes les couleurs au jeune Grant qui ne sait pas ce qui lui arrive, tiraillé entre le désir de se rapprocher au plus près de ce corps juteux dans la fleur de sa jeunesse et ces maudites idées de fidélité bien ancrées dans sa tête.
Et comme Tarusov a bien pensé les choses, c’est précisément au moment que Grant met la main à l’œuvre – bien embêté, rouge comme une pivoine et arborant entre les cuisses une gaule énormissime qu’il a tout le mal du monde à tenir éloigné du cul de la belle qui vient de lui demander d’étaler de la crème solaire sur son dos – que Betty arrive sur la scène, accompagnée par Ricko – le petit copain de Rita – qu’elle vient de croiser sur le parking. Une rencontre qui lui a fait tourner la tête au point de lui faire oublier le but de sa petite promenade – à savoir cette fichue gourde ;-)
C’est à partir de ces rencontres mutuelles que les choses ne connaissent plus qu’une seule direction – à savoir celle des culs respectifs – et que la température ne fait plus que monter. Je ne vais pas vous faire un dessin, le maître Tarusov s’en est déjà chargé et il est sans doute infiniment plus doué pour le faire que votre serviteur. À vous, bande de voyeurs sur-excités, il ne reste plus qu’à feuilleter les pages de cette ravissante BD afin de vous rincer les yeux et de tenir occupées vos petites mains infatigables. Et je vous promets que vous aurez du mal à rester indifférents face aux images que vous verrez défiler sous vos yeux. Et le moyen de rester de marbre face à ces culs rebondis, ces tétons tétés, ces bites sucées qui se vident sur des corps de rêve, et ces trous ramonés jusque dans leurs profondeurs les plus intimes. Un véritable songe d’un jour d’été à la plage comme on rêve de pouvoir le vivre au moins une fois dans la vie. Je croise les doigts pour vous, mes chères lectrices, mes chers lecteurs, pour qu’il se réalisera pour vous sur une de ces plages chauffées par le soleil méditerranéen et bercées par les vagues de la mer. Un conseil pourtant avant de vous laisser vaquer à vos occupations plus ou moins avouables – n’oubliez pas votre crème solaire avant de vous produire sous un soleil aussi torride que celui qui aura illuminé ces belles rencontres de Rita et de Grant et de Betty et de Ricko !
Avant de terminer l’article, encore deux mots à propos du style de Tarusov. Parce qu’ici, on est quand même – mine de rien – sur un site où les appels de la chair se mêlent aux prétentions littéraires de votre serviteur. Et voici, pour bien commencer les choses, un extrait qui donne une belle idée du traitement des corps et de la façon du dessinateur de jouer avec les cadres des cases qui s’enjambent et que les éléments du décor – les gouttes d’eau, par exemple – et surtout les personnages, dans la joie exubérante de leurs jeux, franchissent avec l’aisance et l’insouciance de leur jeunesse incandescente. Procédé raffiné et discret de souligner la joie sans limite qui s’empare des deux couples et du caractère transgressif de leurs ébats en pleine nature.
Voici un bel exemple fourni par Rita et Betty en train de profiter de l’eau pour se rafraîchir après une séance de jeux saphiques4 :

La palette de couleurs est assez restreinte, avec un côté pastel bien prononcé, ce qui produit des couleurs plutôt retenues, agréables aux yeux, laissant le soin d’éblouir aux corps nus et épanouis et aux rayons de soleil. Ceux-ci, malgré leur présence bien sensible dans une histoire qui se déroule sous un soleil torride, se contentent la plupart du temps d’une visibilité indirecte, à travers les reflets sur les peaux, les dents, le sable. La même remarque peut s’appliquer au paysage qui reste comme à l’état d’ébauche, fournissant à peine un cadre, un arrière-fond permettant aux personnages de ne pas évoluer dans le néant. Et je peux affirmer, de mon côté, que ce procédé est très efficace, laissant toute la place aux protagonistes, une pièce de théâtre intime qui focalise l’attention des spectateurs sur les moindres nuances du jeu qui se déroule entre les personnages, sans la moindre distraction. Un véritable joyau qui concentre tout le savoir-faire de Tarusov. On ne s’étonne donc pas de l’avoir vu entrer dans le sérail de la BD porno que sont les éditons Dynamite. Et si on y rajoute la dose d’humour que Tarusov sait mettre dans la bouche de ses personnages, on comprend que le charme opère à fond, laissant un souvenir indélébile des instants magiques qu’on a vu se dérouler sur une plage – presque – déserte :

Ah, les déclarations sentimentales quand tu lâches ton sperme sur une autre femme, c’est la classe. T’es vraiment un romantique, toi !5
Difficile de faire mieux que Betty qui réussit le coup de force de réunir la bonne humeur, l’indécence et le sarcasme dans une seule petite remarque. Qui ne pourra que ravir les autres protagonistes et bien sûr les lectrices et lecteurs.
Digression musicale
Il y a parfois de ces instants – voire des jours – tout simplement – magiques. Comme ceux qui m’ont vu commencer l’écriture de cet article et qui m’ont accompagné à travers les pages de cette charmante BD. Une jeunesse insouciante, des pages imbibées de soleil et de chaleur, des corps qui s’épanouissent, les esprits qui s’ouvrent et s’initient aux plaisirs. Le tout accompagné par une musique qui rejoint et soutient la magie de la lecture et qui aide a graver les images profondément dans la mémoire. Parce que je suis tombé, il y a quelques mois, sur un groupe originaire de la Finlande, Les Poets of the Fall. Et c’est hier soir que j’ai découvert les clips de leurs performances au théâtre Alexander d’Helsinki où, pendant la pandémie, ils ont enregistré douze morceaux. Qu’ils ont ensuite publié sous le titre aussi vague que prometteur Alexander Theatre Sessions. Essayez un peu de déguster la BD tout en écoutant ces chansons en boucle. Et attendez de tomber sur Rebirth. C’est tout simplement – magique…
Andrew Tarusov
Swinging Island
Dynamite
ISBN : 9782382095195
Informations sur le site de l’auteur6
- Pour l’instant, c’est mois qui suis tombé dans les filets savamment tendus par BD-Adultes. Je me suis rendu sur le site juste pour copier le lien vers Swinging Island, et voici que je termine la course avec entre les pattes une autre de leurs merveilles, Nudist Beach de Shiwasu No Okina. Future lecture estivale ? Avec un titre pareil, qu’est-ce que vous pensez ? ↩︎
- Andrew Tarusov, Swinging Island, p. 9 ↩︎
- Andrew Tarusov, Swinging Island, p. 13 ↩︎
- Andrew Tarusov, Swinging Island, p. 44 ↩︎
- Andrew Tarusov, Swinging Island, p. 94 ↩︎
- La version originale ne se trouve plus sur le site de l’auteur ni nulle part ailleurs. Il semblerait qu’elle ait été retirée pour des raisons juridiques et / ou contractuelles. Mais ce n’est qu’une supposition de la part de votre serviteur. ↩︎