Amber Jahn, Triptyque

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C’est le 17 juin 2015 que j’ai publié un article consa­cré à Amber Jahn, une artiste peintre amé­ri­caine de la côte ouest, plus pré­ci­sé­ment de San Die­go. Qui aurait cru, à l’é­poque, que cet article était appe­lé à atti­rer le plus grand nombre de lec­teurs jamais recen­sé dans la Bauge lit­té­raire ? Est-ce dû au fait qu’il a été publié simul­ta­né­ment dans les deux langues, celle de la Bauge et celle de l’ar­tiste, étant ain­si ouvert à un public beau­coup plus impor­tant ? Ou est-ce grâce à la fas­ci­na­tion de cette tem­pête de cou­leurs sou­le­vée par le pin­ceau de Amber ?

Quoi qu’il en soit, j’ai l’hon­neur aujourd’­hui de vous pré­sen­ter une de ses œuvres, trois tableaux com­po­sant un trip­tyque, cet arran­ge­ment qui a séduit de nom­breux artistes depuis qu’il a été « inven­té » au Moyen Âge pour ser­vir un rôle litur­gique. Et la pré­sen­ta­tion de ces trois tableaux s’ac­com­pagne d’un petit texte rédi­gé par l’ar­tiste qui y explique la pen­sée qui les a engen­drés. Un fait suf­fi­sam­ment rare pour être relevé.

Amber Jahn, Triptych
Amber Jahn, Triptych

The most inti­mate, per­so­nal piece I have crea­ted to date. For Arte Fres­ca a few years back at Blue­foot Bar in North Park. The show was « Shat­te­red » so I told the sto­ry of a young me in the first pain­ting sit­ting on a bench day­drea­ming. In her thoughts (which I crea­ted bubbles of plexi­glass for) were three events. First her gra­dua­tion, then her wed­ding day, then her and her hus­band on the day of the birth of her first child. In the second pain­ting the young girl has grown and is sit­ting on the ground sur­roun­ded by the bro­ken pic­tures of the life she had now lost. The frames made of plexi­glass were affixed onto the pain­ting at a 20 degree slope and were actual pic­tures of my wed­ding, my hus­band and I, my kids, and my fami­ly. In the last piece the girl is now an older woman. You are loo­king at her through the key­hole of a clo­sed door. She is loo­king back over her shoul­der with a came­ra in one hand and a key in the other. The key is made of plexi­glass and says…for a life I lived, lost and have not mourned.….until now. Signi­fying her let­ting go, having clo­sure, and moving for­ward. I have only shown this trip­tych once. For this show. I knew it was much too per­so­nal of a piece for anyone to buy. I pain­ted it for me. I’m still wor­king on that pro­cess and am loo­king for­ward to wal­king away with that key. Soon. Very soon.

Cha­cun de ces tableaux peut être appré­cié sépa­ré­ment (des­tin d’un grand nombre de tableaux médié­vaux arra­chés de leur contexte pri­mi­tif par des mar­chands avides), mais le fait de faire par­tie d’un ensemble ajoute une dimen­sion sup­plé­men­taire qu’il est bon de ne pas igno­rer. Tout comme le fait de connaître – au moins en par­tie – l’his­toire de ces tableaux, le fonds per­son­nel dont ils sont nés, ajoute un poids sup­plé­men­taire au vide des visages, cen­sés être ceux de l’ar­tiste elle-même, aux dif­fé­rentes périodes de sa vie. C’est comme si la mémoire, l’his­toire de l’être humain, était exter­na­li­sée, cas­sée en miettes aux­quelles il faut s’ac­cro­cher pour ne pas perdre pied, pour ne pas être empor­té par le tor­rent des années qui passent.

À lire :
Hendrick Goltzius et les maîtres de la ligne

Tryp­tique I

Amber Jahn, Tryptich 1
Young me sit­ting on a bench daydreaming

Tryp­tique II

Amber Jahn, Tryptich 2
Young girl having grown and sit­ting on the ground

Tryp­tique III

Amber Jahn, Tryptich 3
The girl is now an older woman
Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95