Hier, j’ai eu le bonheur de découvrir un tableau signé Édouard Béliard dans l’exposition qui vient d’ouvrir ses portes au Musée Wallraf, le Musée des Beaux Arts de la Ville de Cologne : 1863 – 1874, Révolution dans l’Art.
J’ai déjà eu l’occasion, il y a de cela 12 ans, de parler de ce peintre pratiquement oublié à l’occasion d’une série d’articles consacrés à Ces Impressionnistes qu’on oublie : Édouard Béliard – le peintre qui devint maire. Le donc voici, le premier tableau de ce peintre que j’ai pu voir de mes propres yeux. Et dont j’ai pu prendre une photographie sans devoir me rendre au Musée d’Étampes où les visiteurs peuvent d’habitude admirer la beauté de ce paysage urbain et hivernal. Mais comme le musée est actuellement fermé, les conservateurs ont décidé d’accorder un petit changement d’air à ce Béliard qui a donc pu troquer les rives de la Juine contre celles du Rhin.

Le Musée Wallraf dispose, comme vous pouvez le savoir si toutefois vous suivez un peu mes articles consacrés à autre chose qu’aux galipettes et aux divers registres de la perversion sexuelle, depuis l’intégration dans son fonds des tableaux de la Fondation Corboud, d’une très belle collection de toiles impressionnistes. On ne saurait donc s’étonner du fait que le Musée essaie de tirer partie de cette richesse en consacrant assez régulièrement des expositions aux peintres impressionnistes. D’autant plus que ce courant d’art continue à jouir des faveurs du grand public et reste ainsi un atout qui peut assurer de belles recettes.
Une des plus belles expositions du Wallraf – Comment la lumière a été transférée sur la toile – a d’ailleurs été consacrée au côté matériel de cet art dont les protagonistes ont essayé, avec plus de dévouement et de conviction que leurs prédécesseurs, de capturer les effets de la lumière. Des exploits rendus possibles en grande partie par des nouveautés telle que les tubes de peinture à l’huile – faciles à emporter quand il s’agissait de travailler en plein air. Il suffit de contempler les célébrissimes séries de Claude Monet – les Meules de foin ou celle des Cathédrales de Rouen – pour avoir une idée de la force de cette approche tout ce qu’il y a de plus moderne.

Cette fois-ci, en cette année qui voit le 150ème anniversaire de la première exposition impressionniste dans l’atelier de Nadar, le Wallraf a décidé d’illustrer la décennie ayant précédé l’explosion impressionniste, du premier Salon des Refusés en 1863 jusqu’à l’exposition de 1874 organisée par la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, société réunissant de futures célébrités telles que Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro ou encore Edgar Degas.
L’exposition du Wallraf réunit donc des artistes dont les œuvres, à travers leur contemporanéité, illustrent la simultanéité d’une multitude de styles ayant contribué à la richesse de ce milieu culturel en fusion où s’est forgé l’avenir d’un Art en route vers la modernité ce qui allait – quelques décennies plus tard – conduire à l’abolition du style figuratif. Aujourd’hui, on peut voir défiler sur les cimaises de l’énorme Cube Ungers1, à côté des Impressionnistes qu’on ne nommera plus, un Alexandre Cabanel, un William-Adolphe Bouguereau, un Laurent Bouvier ou encore un Pierre Puvis de Chavanne. Le parcours laisse donc sa place à l’académisme d’une Naissance de Vénus (Alexandre Cabanel) et à l’Orientalisme (L’Égyptien par Bouvier) ou à la couleur locale (Partie de pelote sous les remparts de Fontarabie, par Gustave-Henri Colin) bien plus prisés par le public des dernières années du Second Empire et de la République naissante que ces peintres impressionnistes très loin encore de leur future renommée.
Si vous avec la chance de pouvoir visiter Cologne avant la fin du mois de juillet 2024, je vous conseille très fortement de pousser les portes du Wallraf afin de pouvoir admirer un nombre impressionnant de toiles réunis ici pour illustrer des années charnières non seulement du XIXe siècle, mais de l’Histoire de l’Art.
- D’après l’architecte Oswald Mathias Ungers à qui on doit les plans du grandiose bâtiment qui abrite, depuis 2001, les trésors du Wallraf. ↩︎