Il y a beaucoup de choses dont j’adore discuter : Quel vin choisir pour accompagner un bœuf braisé, un Côte de Nuits ou plutôt un Cap de Fouste ? Quel degré de cuisson pour un bon steak bien succulent, bleu ou saignant ? Où placer le Mont Saint-Michel, en Normandie ou en Bretagne ? Quelle tignasse préférer d’un point de vue écologique, celle de Houellebecq ou celle de Beigbeder ? Le livre-papier, objet culte ou espèce en voie d’extinction ? À quel prix attribuer le plus grand prestige, au Goncourt ou au Flore ? Sachant évidemment que c’est Johann Zarca, un des chouchous du Sanglier, qui a remporté le second en 2017 ;-)
Et puis, il y a des choses qui s’imposent avec une évidence qui ne se discute tout simplement pas. Pour moi, depuis l’âge de mes seize ans, une de ces choses, c’est l’amour inconditionnel pour le projet d’une Europe unifiée, un continent ayant réussi à abolir toutes les frontières et conscient d’un héritage commun plus fort que toutes les divisions. Je m’explique : C’est donc pour moi, il y a de cela 36 ans, le moment des premières vacances sans parents, juste moi et deux copains. La destination : l’océan, la Côte de Jade. À l’époque, pas encore de TGV, on met donc six heures pour le trajet Cologne – Paris. Entre les deux, on passe au milieu des champs labourés par les obus et engraissés par le sang et la chair des combattants de tant de guerres. J’ai regardé défiler les champs verts et j’ai compris le bonheur d’avoir été né dans une Europe en train de se rapprocher, une Europe déterminée à en finir avec la violence, la mort et l’humiliation.
C’est depuis ce jour-là que je brûle pour l’Europe, malgré tous ses défauts et tous les revers. Une telle passion mérite une illustration, et j’ai passé commande auprès de mon dessinateur préféré pour la traduire en image. Et voici donc le tableau qui réunit mes deux plus grandes passions. Merci Josep Giró !
