Je ne sais pas si vous avez jamais croisé la route d’une dénommée Clarissa, mais comme ce beau nom aux consonances latines signifie tout simplement « la plus belle », vous en aurez sans doute gardé un bon souvenir. Quant à moi, la seule que j’aie pu fréquenter est un personnage créé par un jeune artiste français connu sur les réseaux sous le pseudonyme Arem Befanti, mais celle-ci n’a – loin de borner ses charmes aux deux dimensions de ses origines – rien à envier à ses semblables en chair et en os, et la beauté radiante de la femme de cartoon lui confère une place de choix aux côtés du légendaire Roger Rabbit.
Arem Befanti est graphiste de profession, et ses activités s’étendent sur plusieurs domaines : graphisme, illustration, bande dessinée. Mais Befanti ne dédaigne pas non plus une approche plus franche, plus curieuse et plus approfondie, un Art qui a le mérite – façon de parler, hein ?! – d’avoir réveillé la Bête et de l’avoir faite sortir des profondeurs de ses forêts germaniques – l’Art érotique.
Arem Befanti présente ses productions dans ce domaine comme des « sexy pin-up girls » [1]Cité d’après sa page DeviantArt où c’est ainsi qu’il introduit le lien vers le profil de son alter ego anagrammatique, Arem Befanti tout en précisant qu’il aime des proportions de poupée :
I love petite doll kind of proportions. [2]« J’aime les petites proportions qui rappellent celles des poupées », dans la présentation de sa page DeviantArt.
Et il suffit effectivement d’un clin d’œil sur sa galerie Pin-up sur DeviantArt pour se convaincre de la pertinence de cette affirmation. On y trouve des créatures oscillant quelque part entre femme et jeune fille, aux formes opulentes et aux yeux surdimensionnés dont le regard n’est pas sans rappeler celui du Chat Potté dans l’attitude célébrissime de l’innocence faite chat où on voit celui-ci, les yeux grands ouverts et son chapeau entre les pattes, adresser un regard innocent et suppliant du plus profond de sa position mi-servile mi-enfantine.

L’innocence n’est pourtant pas la première idée à se présenter à celle ou celui qui contemple les beautés opulentes dont certaines n’hésitent pas à exposer leurs charmes de façon malicieusement ingénue. C’est ainsi que la Clarissa du début existe aussi dans une version bien moins pudique dans un portrait qui la montre dans toute la splendeur du plus simple appareil.
Ce portrait donne d’ailleurs une des clés pour comprendre le procédé utilisé par Befanti pour arriver à présenter un alliage si convaincant entre innocence et vice. Dans le cas de Clarissa, il suffit d’un simple attribut pour altérer l’impression d’innocence infantile, et je ne parle même pas de ses seins aux dimensions qui feraient pâlir des femmes bien plus âgées, mais bien de la cigarette qui, accessoire presque effacé par sa position décentré dans le premier dessin, acquiert un rôle central dans le deuxième, rapprochant Clarissa des vilains des séries américaines où les clopes annoncent de façon presque systématique l’arrivée du méchant. Et tant que vous y êtes, considérez un peu la position de sa main gauche placée du côté du cœur dans un geste qui n’est pas sans rappeler la réaction de celle qu’on vient de – faussement ? – accuser et qui répond par un simple « Mwââââââ ? » tout en se désignant comme un parangon d’innocence et de vertu. En l’occurrence, comment ne pas rester bouche bée devant l’ambivalence de ce geste tel que Fabien le fait exécuter par la belle, ayant placé sa main juste au-dessus d’une poitrine qui crève le cadre en même temps que les yeux de celles et de ceux dont les yeux rivés sur cette anatomie ont sans doute le plus grand mal à voir autre chose que cet océan de chair.
Bon, après tout ça, comment s’étonner que, une fois que j’ai réussi à maîtriser les regards qui menaçaient de m’échapper afin de se frotter du plus près à la chair si fraîche et si prometteuse, comment s’étonner, dis-je, que j’ai presque aussitôt contacté l’artiste afin de lui commander un en-tête pour ma tanière ? Comme je laisse toujours une liberté aussi entière que possible aux artistes qui acceptent de travailler pour moi, je vous jure que c’est Arem qui a lui-même opté pour Clarissa sans que j’aie eu à préciser quoi que ce soit. Un choix auquel je ne trouve absolument rien à redire, encore que sa Lily ou sa Samantha auraient toutes les deux été tout aussi parfaites pour incarner l’esprit de la Bauge et ses revendications d’un érotisme conquérant. Quoi qu’il en soit, c’est avec grand plaisir que je présente à mes lectrices et à mes lecteurs la belle Clarissa, la femme qui fume :

Arem Befanti est actif sur les réseaux habituellement fréquentes par les artistes, et vous le trouverez par exemple sur Instagram et Twitter ainsi que bien sûr sur DA où il donne un aperçu de ses activités. Je tiens surtout à vous signaler qu’Arem Befanti est aussi auteur de bande dessinée, une activité qui lui a valu d’être retenu comme finaliste dans l’édition 2019 du concours Francobulles avec une planche sur le thème “La parlure québécoise”. Concours qu’il vient de remporter en mars 2019 ce qui lui a valu de pouvoir participer au festival Québec BD qui s’est tenu du 11 au 19 avril. Félicitations de la part du Sanglier pour ce bel exploit ! Et matez-moi un peu les jolies cousines dont AB a fait les protagonistes de son petit récit, elles ne vous rappellent personne ?
Références
↑1 | Cité d’après sa page DeviantArt où c’est ainsi qu’il introduit le lien vers le profil de son alter ego anagrammatique, Arem Befanti |
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↑2 | « J’aime les petites proportions qui rappellent celles des poupées », dans la présentation de sa page DeviantArt. |