Adult flag ou com­ment empê­cher les ventes sur Ama­zon & Cie

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Elle est pas belle, la vie d’un auteur éro­tique ? La mienne a pris un ce ces coups der­niè­re­ment… Je vais vous racon­ter une petite his­toire qui illustre assez bien les obs­tacles qui embel­lissent le par­cours de nous autres auteurs qui ont déci­dé de faire d’une chose pro­fon­dé­ment humaine le sujet de nos textes.

Un de ces jours, j’ai reçu le rele­vé de mes droits d’au­teur. Et je me suis dit que, tiens, c’est bizarre, il y a très peu de ventes depuis Ama­zon. Sachant que mon édi­teur avait déjà expli­qué qu’une très grande par­tie de ses ventes se fai­sait pré­ci­sé­ment sur cette plate-forme-là (consul­ter à ce pro­pos l’in­fo-gra­phique qui illustre l’ar­ticle de Numé­rik­livres, paru le jour après la mise en ligne de celui que vous êtes en train de lire. Il en res­sort que plus de la moi­tié des ventes de cette mai­son se fait sur la plate-forme du géant de Seat­tle). Bon, étant d’un natu­rel peu méfiant, je me suis conten­té de consta­ter sans m’in­ter­ro­ger à pro­pos des rai­sons. Jus­qu’au jour où je suis tom­bé sur le mail d’un de mes contacts qui m’an­nonce qu’il n’ar­rive pas à trou­ver les Chattes sur Ama­zon, croyant à un pro­blème d’ordre technique.

J’ai donc essayé moi-même de trou­ver le pépin, et j’y ai mis un cer­tain temps, ce qui n’est pas dû à mon incom­pé­tence, mais au fait qu’il fal­lait tom­ber sur un ordi­na­teur « vierge ». Sur le mien, aucun pro­blème, tout s’af­fi­chait comme pré­vu, je vois les trois titres de chez Numé­rik­livres où je suis recen­sé comme auteur. Mais, un beau jour, je suis sur celui de mon frère, et la recherche n’a­bou­tit pas au résul­tat escomp­té. Pas ce Chattes, nulle part. J’ai ensuite cherche mon deuxième titre, Les aven­tures intimes de Natha­lie. Là, bizar­re­ment, ça marche. Pro­chaine étape, cli­quer sur le nom d’au­teur (le mien, en l’oc­cur­rence), et se retrou­ver, encore, avec deux titres seule­ment. Mais où ont dont dis­pa­ru mes Chattes ? Je prends du recul, je par­cours l’é­cran de haut en bas, et voi­ci que je me trouve nez à nez avec un lien qui essaie tout pour se faire oublier, et qui indique que l’af­fi­chage actuel est « hors élé­ments adultes » (visible sur la cap­ture d’é­cran, à côté du mar­quage en rouge). Incré­dule, je regarde encore, je clique, et voi­ci que les Chattes émergent fraîches et pim­pantes du nir­va­na élec­tro­nique où je les croyais englou­ties. Et bien, me voi­ci tom­bé sous le coup de la cen­sure qui vise tout ce qui exhibe un peu trop de peau. Chattes-gate, si on veut. Encore qu’on n’y voit pas le moindre petit bout de téton…

Capture d'écran Amazon
Affi­chage des titres de Tho­mas Gal­ley. Hors élé­ments adultes…

La curio­si­té piquée, je me mets à la recherche du phé­no­mène, et je tombe sur l’article d’An­nie May (une auteure bien connue des fidèles bau­geo­nautes), qui explique ce qui lui est arrivé :

« Je consulte régu­liè­re­ment quelques blogues en anglais, aus­si j’étais au cou­rant de ce qu’ils appellent l’« adult flag », une forme de cen­sure un brin hypo­crite de la part d’Amazon, qui consiste à vendre des livres, tout en les cachant. Un peu comme si un libraire gar­dait les livres « osés » dans l’arrière-boutique, loin des regards des clients, et ne les don­nait qu’à ceux qui les deman­daient spécifiquement. »

Fâcheuse consé­quence : « Depuis une quin­zaine, je n’ai pas réa­li­sé une seule vente sur Amazon. »

À lire :
Annie May, Dr Medusa

Voi­ci donc ma réponse, je sais désor­mais pour­quoi les ventes réa­li­sées sur Ama­zon sont minimes : Mes Chattes sont bel et bien tom­bées sous le coup de la cen­sure. Mais comme il n’y a aucun moyen de s’y oppo­ser, il ne me reste qu’à en par­ler à mon entou­rage dans l’es­poir d’ob­te­nir quelques com­men­taires de lec­teurs satis­faits, ce qui contre­ba­lan­ce­rait peut-être au moins en par­tie les effets désas­treux de l”« adult flag ». Et d’es­sayer de convaincre mon édi­teur de lan­cer une nou­velle édi­tion avec une cou­ver­ture moins « voyante »…

Un der­nier mot pour expli­quer pour­quoi j’ai mis un cer­tain temps avant de me rendre compte de ce qu’il en était : étant grand consom­ma­teur de textes éro­tiques, j’ai sans doute déjà cli­qué, sans y faire atten­tion, sur le lien qui per­met l’af­fi­chage d’élé­ments adultes. Et cette infor­ma­tion est appa­rem­ment sto­ckée dans un de ces cookies que les sites web ont l’ha­bi­tude de sau­ve­gar­der sur les ordi­na­teurs. C’est sans doute pour cela qu’il a fal­lu tom­ber sur un ordi­na­teur vierge avant de comprendre.

Dessin d'une femme nue debout, vue de profil. Elle tient un gode dans la main droite qu'elle est en train de s'introduire dans le vagin.
Dessin réalisé par Sammk95

Commentaires

3 réponses à “Adult flag ou com­ment empê­cher les ventes sur Ama­zon & Cie”

  1. Tout ça est très dom­mage, parce que les ventes ne reprennent pas, même à la sor­tie d’un nou­veau livre, comme c’é­tait le cas avant. Mes ventes sur Ama­zon sont presque au point zéro en ce moment, alors qu’elles se déve­loppent sur Kobo.

    Le plus frus­trant, c’est que tout cela se fait sans la moindre forme de com­mu­ni­ca­tion. Est-ce la cou­ver­ture qui est en cause (on peut être très fri­leux chez les anglo-saxons) ou le texte ?

    Chez nous, il est ques­tion de chan­ger les cou­ver­tures, mais ça ne donne aucune garan­tie que le clas­se­ment sera révi­sé. Et étant don­né la nature assez franche de la série, j’ai peur qu’une cou­ver­ture trop « soft » cause une sur­prise à des lec­teurs peut-être mal pré­pa­rés, voire trop jeunes. Ce serait un résul­tat iro­nique de l’i­ni­tia­tive d’Amazon ;)

    À la FNAC, c’est moi dras­tique. On aime pas la cou­ver­ture, on la cache, mais pas le livre en entier.

    1. Effec­ti­ve­ment, c’est très dom­mage… Et dans ton cas, on se rend vrai­ment compte des dégâts vu que le texte a pu débu­ter sans la flé­tris­sure de l’a­dult flag, et qu’on peut clai­re­ment éta­blir le lien entre ce « flag » et les ventes qui chutent. Ce qui prouve qu’une bonne par­tie des lec­teurs passe à côté des livres ain­si mar­qués pour la pou­belle lit­té­raire. La seule consé­quence peut être une forme d’au­to-cen­sure, ce qui est bien la preuve des effets nui­sibles du mono­pole anglo-saxon en la matière.

    2. PS : Ça fait plai­sir de te voir pas­ser dans la Bauge :-)