Le bord de mon che­min – Gott­fried Benn à Else Lasker-Schüler

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Gottfried Benn : « Personne ne sera le bord de mon chemin.. »
Gott­fried Benn : « Per­sonne ne sera le bord de mon che­min.. » Cré­dit pho­to­gra­phique Elke Freese, CC BY-SA 3.0

Depuis les plus belles années d’une ado­les­cence à fond vécue (arf !), je traîne sur moi deux vers. Deux vers qui résument un échange entre deux poètes alle­mands dont les voix comptent par­mi ce que la langue alle­mande a de mieux à offrir : Elle, Else Las­ker Schü­ler, Lui, Gott­fried Benn. Au bout d’une his­toire d’a­mour Elle Lui adresse la phrase suivante :

- Je suis le bord de ton chemin.

et lui de répondre :

- Per­sonne ne sera le bord de mon chemin.

En alle­mand, ça donne :

- Ich bin dein Wegrand.

- Kei­ner wird mein Wegrand sein.

Comme mes jours et mes nuits sont rem­plis d’i­dées qui divaguent, ces vers sont reve­nus me han­ter de leur sono­ri­té, trot­tant sans cesse au bon milieu de mes rêvas­se­ries et me fai­sant répé­ter comme un insen­sé : « Kei­ner wird mein Wegrand sein ».

Ce matin, obsé­dé par le tra­vail de sape des décen­nies, je me suis amu­sé à cher­cher les poèmes en ques­tion sur la toile pour les tra­duire. Je ne pré­tends aucu­ne­ment à don­ner un quel­conque carac­tère lit­té­raire à cette tra­duc­tion, l’im­por­tant étant d’é­vo­quer des images, de faire réson­ner des ambiances…

Écoute
La nuit
 je vole les roses de ta bouche
 afin que nulle femelle n'y trouve à boire.
Celle qui m'embrasse
 me vole de mes averses
 que je traçais autour de tes membres.
Je suis le bord de ton chemin.
 Celle qui te touche
 s'écrase.
Sens-tu ma vivance
 partout
 comme une frange lointaine ?
Aucune consolation
 Personne ne sera le bord de mon chemin.
Laisse donc faner tes fleurs.
Mon chemin déborde et se poursuit tout seul.

 Deux mains forment une coupe trop petite.
Un cœur est une colline trop peu élevée
pour s'y reposer.

 Toi, je vis toujours à la plage
et au-dessous de la chute de fleurs de la mer.
L'Égypte se trouve devant mon cœur,
L'Asie se lève.

 L'un de mes bras se trouve toujours au feu.
Mon sang est de la cendre. Je me dirige en sanglotant toujours
passant à côté de seins et d'ossements
vers les îles Tyrrhéniennes :

 Une vallée de peupliers blancs se dessine dans la pénombre
Ilyssos aux rivages couverts de prés
Eden et Adam et une terre
faite de nihilisme et de musique.

Pour consul­ter les poèmes dans la langue d’o­ri­gine, ren­dez-vous sur expydoc.com.

La Sirène de Montpeller

Commentaires

Une réponse à “Le bord de mon che­min – Gott­fried Benn à Else Lasker-Schüler”

  1. eh bien cher Tom… C’est toi qui te laisse aller à pré­sent dans l’é­cri­ture. J’en suis ravie pour­vu qu’elle t’aide à tra­ver­ser tes épreuves. Bisous et courage.