Le soir du 14 novembre, le Kölner Stadt-Anzeiger – le quotidien régional de Cologne – a rendu publique le camouflet que les responsables de la ville de Cologne se sont vu infliger par Marisol Corboud, veuve de Gérard Corboud, un couple d’amateurs et de collectionneurs d’art à l’origine de la Fondation Corboud dont les tableaux ont été offerts en 2001 au Musée Wallraf-Richartz, le musée des Beaux-Arts municipal, une collection de quelques 170 tableaux impressionnistes et néo-impressionnistes qui a considérablement enrichi celle d’un musée qui jouissait déjà d’une renommée internationale pour son fonds extraordinaire de peinture médiévale.
Dans une lettre à la maire, Mme Corboud a annoncé son intention de vouloir retirer au musée les dix-neuf tableaux restants [1]Dix-neuf tableaux sur un fond original de trente-trois, selon le directeur Markus Dekiert cité dans un article du quotidien local de la nettement moins célèbre Fondation Surpierre, fondation dans laquelle son mari a réuni ses tableaux privés et dont le musée a reçu quelques spécimens en même temps que les toiles de la Fondation Corboud. Et il est important de souligner que ces tableaux-là, n’ayant jamais appartenu à la collection Corboud, peuvent être retirés à tout moment. Ce retrait annoncé est la conséquence d’une histoire longue de presque deux décennies, et il n’y a dans cette histoire qui passe de maladresses en déboires personne à blâmer sauf les responsables municipaux, incapables de tenir la promesse faite aux Corboud en 2001 d’élargir le musée afin de pouvoir exposer les tableaux dans un cadre convenable.
La Fondation Surpierre, si elle n’est pas carrément une inconnue dans le monde de l’art, n’est pourtant pas très présente sur la toile, et il faut chercher dans tous les coins afin de dénicher quelques informations et au moins une partie des tableaux qui en font partie.
Voici d’abord ce que l’on trouve dans le catalogue de l’exposition Impressionnismus – Wie das Licht auf die Leinwand kam :
Comme on l’imagine facilement, la cession de la Collection Corboud n’a pas mis fin à la passion du collectionneur suisse. Depuis 2001, M. Corboud a réuni près de quarante tableaux qu’il a ensuite fait entrer dans la Fondation Surpierre, une collection qui continue à grandir.
Dans le Musée Wallraf-Richartz & Fondation Corboud se trouve une sélection de tableaux qui, dépôt de la Fondation Surpierre, peut y être présentée au public. [2]« Wie sich unschwer vermuten lässt, versiegte die Sammelleidenschaft des Schweizers nicht mit dem Ausbau und Abschluss seiner „Sammlung Corboud“ und der schließlich erfolgten Stiftungsgabe als … Continue reading
Et voici les quelques tableaux que j’ai pu dénicher sur internet, afin de donner un « visage » aux chiffres et de montrer au public une partie au moins des trésors que la ville vient de perdre grâce à l’incapacité de ses dirigeants de faire avancer le projet d’élargissement d’un de ses musées les plus prestigieux.
Raoul Dufy (1877−1953) La barrière, 1930 Öl auf Leinwand, 130,2 × 162,2 cm |
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Hippolyte Petitjean (1854−1929) Le Pont (Die Brücke), um 1890 Öl auf Leinwand, 65,7 × 100,5 cm WRM Dep. 816 |
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Georges Seurat (1859−1891) Dans la rue (Straßenszene), 1883 Öl auf Pappelholz, 16,5 × 24,7 cm WRM Dep. 822 |
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Henri Eugène Le Sidaner (1862−1939) Le Pavillon aux roses – Gerberoy, après 1902 Huile sur toile, 73 × 60 cm Dep FC 0929 |
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Wassiliy Kandinsky (1866–1944) Paysage près de Regensburg, 1903 Huile sur toile, 32,4 × 23,5 cm |
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August Macke (1887−1914) Le jardin ensoleillé, 1908 Huile sur toile 50,8 x 66 cm |
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Vincent van Gogh (1853−1890) Pont de Clichy, 1887 55 × 46,3 cm Huile sur toile Collection privée (avant WRM Dep. 813) |
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Le dernier tableau, le Pont de Clichy de van Gogh, est un cas particulier qui a trouvé un certain écho dans la presse à l’époque de sa mise aux enchères, le 21 juin 2013. Initialement, le tableau est entré dans les collections du musée en 2001, en même temps que ceux de la Fondation Corboud. Ensuite, il y a orné les cimaises et a même à l’occasion été prêté pour entrer dans des expositions où il a été présenté comme appartenant au fond du Wallraf. Sauf que cela n’a jamais été le cas, le tableau ayant fait partie de la Fondation Surpierre, indépendante de sa grande sœur, depuis que M. Corboud l’avait acquis. Stefan Koldehoff, dans un article paru dans la Frankfurter Allgemeine le 24 mai 2013, en parle dans le contexte de sa mise en vente par les propriétaires, révélant au passage que le directeur de l’institut, M. Dekiert, aurait été mis au courant par un négociant de New York. On peut évidemment se demander si ce passage de douze ans d’un tableau par les cimaises de Cologne ne correspondrait pas à une époque de mûrissement qui aurait comme effet de faire monter sa valeur. L’auteur de l’article cité parle dans ce contexte du musée comme d’une « machine à faire croître la valeur ». Quoi que l’on puisse penser d’un tel procédé, le séjour du Pont de Clichy à Cologne a fait le bonheur des visiteurs pendant douze ans, et ce n’est pas rien.
Références
↑1 | Dix-neuf tableaux sur un fond original de trente-trois, selon le directeur Markus Dekiert cité dans un article du quotidien local |
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↑2 | « Wie sich unschwer vermuten lässt, versiegte die Sammelleidenschaft des Schweizers nicht mit dem Ausbau und Abschluss seiner „Sammlung Corboud“ und der schließlich erfolgten Stiftungsgabe als Fondation Corboud an das Wallraf-Richartz-Museum. Seit 2001 hat Gérard J. Corboud bereits wiederum rund 40 Gemälde zusammengetragen und diese Sammlung erneut in eine Stiftung überführt, die Fondation Surpierre, welche stetig erweitert wird. Eine Auswahl von Werken befindet sich im Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud ; als Leihgaben der Fondation Surpierre können sie dem Publikum in Köln präsentiert werden. » Barbara Schaefer, Fondation Surpierre, in « Impressionnismus – Wie das Licht auf die Leinwand kam ». |