L’autre jour, ma fille a vou­lu savoir si le 11 novembre était bien un jour férié. Comme on se trouve en Alle­magne, j’ai dû lui répondre que non.  « Mais c’est le début du car­na­val » qu’elle m’a répon­du, avec un petit air contrarié.

Effec­ti­ve­ment, c’est le début du car­na­val en Rhé­na­nie, et les tavernes de Cologne ne désem­plissent pas jus­qu’aux petites heures du matin.

En Bel­gique et en France, par contre, ce n’est pas le début du car­na­val qu’on célèbre, mais la fin de la Grande Guerre, sou­ve­nir quelque peu obs­cur­ci, il est vrai, par celle de la guerre sui­vante (qu’on célèbre aus­si, à juste titre). Mais est-ce plu­tôt la fin de la guerre ou le début de la paix, qu’on célèbre ?

Au départ, c’é­tait sans doute ni l’un ni l’autre, mais bien la Vic­toire sur l’Em­pire agres­sif de Guillaume II. Hélas, on était loin de voir la fin de l’im­pé­ria­lisme et des conflits à l’é­chelle mon­diale. Et pour­tant, l’Al­le­magne aus­si aurait pu choi­sir cette date pour célé­brer. La fin d’une guerre meur­trière, d’un régime auto­ri­taire, et la nais­sance de la Répu­blique. Mais non.

C’est pour cela donc que c’est une jour­née – presque – comme les autres. On va alors attendre la fin du bou­lot pour aller rejoindre la foule dans les tavernes de Cologne. Mais pas sans pen­ser à tous ces morts dont les osse­ments pavent la route qui mène – enfin ! – vers une paix durable.