Interview initialement parue le 23 juin 2011 dans l’édition Cologne du Petit Journal.

Cela peut surprendre, mais écrire dans une langue étrangère et entrer dans le monde de l’édition est possible ! L’Allemand Thomas Galley l’a fait en écrivant son premier roman en français
Alors que ses premières expériences avec la langue française se sont vouées à l’échec, Thomas Galley signe son premier roman francophone, L’Aventure de Nathalie. « Le collège a fourni le cadre de mes premiers contacts, plutôt minables, avec la langue de Voltaire. J’ai dû abandonner au bout d’un an quand mon prof m’a invité à choisir une autre option. L’entrée au Gymnasium m’a obligé plus tard à choisir une deuxième langue étrangère et j’ai à nouveau opté pour le français, séduit par la perspective d’une plus grande utilité par rapport à l’apprentissage du latin. Et effectivement, au bout de deux ans de cours, j’ai été capable de communiquer avec des Français, rencontrés pendant un premier séjour hexagonal en 1982, ce qui m’a fasciné à un tel point que j’ai choisi de m’inscrire à l’Université de Cologne pour des études de littérature française », explique Thomas Galley.
Dans le cadre de ses études, il est parti en France un an pour échanger sa place d’étudiant avec celle d’assistant de langue. Passionné par le français, il a poursuivi ses études à l’Université de Liège grâce à l’octroi d’une bourse Erasmus puis il est revenu en Allemagne où il a travaillé dans une maison d’édition à Düsseldorf.
Un passionné d’écriture
Le romancier a participé en mai dernier au festival Paris en toutes lettres en s’inscrivant aux 24 heures d’écriture. Il a été retenu parmi les 24 candidats sélectionnés pour cet événement et a composé sur le thème imposé « Peur sur la ville » qui lui a inspiré une histoire tragique intitulée Le Regard assassin. « Je l’ai placée aux instants les plus sombres de la dictature nazie. Un médecin juif, resté en Allemagne même après les lois de Nuremberg, voit brûler, du haut de sa lucarne, la grande synagogue de Cologne, dans la nuit du 11 novembre 1938, la Nuit de Cristal. Abasourdi, déchiré entre la déception, la peur et la haine, il met le feu à sa propre maison et s’enfuit dans la cathédrale, où il attend d’être cerné par les cerbères du régime. En montant sur la tour, des souvenirs d’enfance l’assaillent à chaque marche, et il arrive, tel un cadavre vivant, en haut de la plate-forme, d’où il continue à contempler le foyer éternel de la haine du peuple juif illuminer la nuit d’où il refusera dorénavant de sortir », nous raconte l’auteur.
L’Aventure de Nathalie : une histoire d’amour.
Ses divers séjours et expériences dans les pays francophones où il a vécu ont déterminé le choix de l’auteur d’écrire en français. « J’ai rencontré, au fil des années, des hommes et des femmes remarquables, qui ont fini par m’enraciner dans une civilisation qui, peu à peu, est devenue la mienne, et à laquelle je voudrais contribuer en apportant ce fond de culture germanique qui transperce à travers mes écrits », nous indique-t-il.
C’est chose faite avec son roman qui sera prochainement édité. « Il s’agit d’une histoire d’amour, qui commence dans les espaces numériques de la toile, et qui se termine dans une rue de Paris, par un cadavre sanglant dans les bras d’une femme. L’imaginaire religieux y est omniprésent, ainsi que la capitale avec ses rues et son histoire, ses musées et ses tableaux », résume le romancier.
L’auteur voulait écrire un roman sur l’art. En relisant son oeuvre, il s’est surpris de la place prépondérante de la religion et du rôle du sang qu’il a donné dans l’histoire. C’est ainsi que l’aventure se termine par une pietà.
Travaillant sur un nouveau projet de roman dont l’histoire se déroule à Cologne au cours du IIIème siècle, l’aventure de Thomas Galley continue !
Agathe Bataille (www.lepetitjournal.com/cologne) Jeudi 23 juin 2011
L’Aventure de Nathalie, Thomas Galley aux éditions Kirographaires.